Méditation en vue de la communion spirituelle du 2ème dimanche de Pâques - L'Eglise Catholique à Reims et dans les Ardennes

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Publié le 18 avril 2020

Méditation en vue de la communion spirituelle du 2ème dimanche de Pâques

Comme à son habitude, pendant la période de confinement, le diocèse de Reims vous propose une méditation en vue du dimanche. Ce dimanche 19 avril 2020, 2ème dimanche après Pâques, est le dimanche de la divine miséricorde. La méditation vous est proposée cette semaine par le père Paul-Emmanuel Lallement.

Le dimanche de la divine miséricorde

Chers frères et sœurs,

Il y a huit jours, malgré les conditions particulières que nous traversons, nous avons fêté, dans la joie, la Résurrection du Seigneur. Durant la semaine qui vient de s’écouler, nous avons poursuivi nos festivités. Cette octave de Pâques s’achève aujourd’hui par la lecture d’un épisode bien connu de l’Évangile selon saint Jean : l’apparition de Jésus ressuscité à ses apôtres et l’acte de foi de Thomas.

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (20, 19-31)

C’était après la mort de Jésus. Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.

L’évangéliste commence par préciser le cadre temporel de la scène et il ne le fait pas par hasard : les disciples sont encore sous le choc de la mort de Jésus. Bien sûr, ils ont sans doute recueilli de manière fébrile et étonnée les témoignages de Pierre et du disciple bien-aimé ainsi que celui de Marie de Magdala. Mais Lui, Jésus, ils ne l’ont pas vu. Leurs cœurs sont dans une attente et une tension intenables : animés par la peur, ils se souviennent des vociférations de la foule à l’encontre de Jésus, des violences des gardes, des outrages et des crachats. D’ailleurs, leur courage a fait long feu : le « allons, nous aussi, pour mourir avec lui » (Jn 11, 16) s’est transformé en une fuite éperdue à travers les rues de la ville, jusqu’au bastion de la chambre haute où ils se sont recroquevillés sur eux-mêmes.

Alors, de même qu’il a brisé les portes des enfers, libérant Adam et les défunts du séjour des morts, Jésus passe outre les portes de la peur, qui est un genre de mort, pour ramener ses disciples à la vie. La peur laisse place à la joie, le trouble intérieur à la paix.

Jésus triomphant montre les armes de sa victoire : ses plaies et son côté, son côté d’où ont jailli le sang et l’eau de la miséricorde. Par cette victoire, le sang et l’eau ont été largement répandus sur l’humanité entière : la vie a vaincu la mort, la grâce a détruit le péché. La miséricorde infinie coule sur les plaies de l’humanité meurtrie.

Dans notre monde contemporain où la mort de Dieu a depuis longtemps été prononcée par certains penseurs, ne sommes-nous pas, parfois, envahis par la peur ? Peur d’être ce que nous sommes : des disciples de Jésus, remplis de sa vie, des agneaux d’un petit troupeau fragile sur lequel, pourtant, les « portes de l’enfer ne prévaudront » jamais… Grande est la tentation de taire notre foi… Demandons la grâce d’accueillir de nouveau cette joie du Christ ressuscité. Qu’elle nous illumine et nous donne le dynamisme nécessaire pour annoncer notre foi à temps et à contretemps.

Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »

Dans les écrits de saint Jean, il n’y a pas de récit de la Pentecôte, au sens où nous le lisons dans le récit des Actes des Apôtres. C’est ce petit passage qui en tient lieu. En mourant, Jésus a « remis l’esprit ». C’est ce même Esprit, l’Esprit qu’il a en commun avec le Père, que le Fils souffle sur ses apôtres. Cet Esprit que Jésus avait promis lors du discours de la Cène, ce Défenseur dont Jésus avait dit : « il vous guidera vers la vérité toute entière », c’est Lui qui descend maintenant sur les disciples. Sa mission, ici, est double : soutenir les disciples dans leur dynamisme missionnaire et œuvrer en eux pour la rémission des péchés. La puissance de vie du Seigneur ressuscité sera, par l’Esprit Saint, réellement à l’œuvre en ceux qu’il envoie. L’Esprit Saint, hôte de l’âme des disciples, est un Maître intérieur qui enseigne, fortifie et dynamise. Que le disciple se livre à son emprise, il devient alors ce qu’il doit être : un saint qui œuvre à l’édification de l’Église, Corps mystique du Christ.

Face à la peur dont nous parlions précédemment, l’antidote est trouvé : la puissance de l’Esprit Saint à l’œuvre en nous, les croyants. Le temps pascal peut être vu comme une préparation à l’effusion de l’Esprit Saint, au jour de la Pentecôte. Peut-être pourrions-nous, chaque jour de ce temps pascal, nous tourner plus particulièrement vers l’Esprit Saint pour invoquer sa puissance sur nous.

Or, l’un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), n’était pas avec eux quand Jésus était venu. Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! » Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! » Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. » Alors Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom.

La foi est au cœur de la fin de l’Évangile de ce jour. C’est d’ailleurs l’occasion, pour Jésus, de prononcer une des deux seules béatitudes que nous trouvons dans l’Évangile selon saint Jean : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ». L’expérience de saint Thomas n’est pas trop éloignée de la nôtre : nous aussi, nous aimerions parfois entendre, voir, contempler, toucher directement le Verbe de vie, surtout à une époque où nous aimons tout vérifier par nous-mêmes, sans intermédiaire. Qu’il serait pratique, pense-t-on, d’avoir des interventions directes de Dieu à chaque fois que nous en éprouvons le besoin.

Pourtant, ce n’est pas le chemin que Jésus nous indique : il nous invite à croire sans avoir vu, en nous appuyant sur le témoignage de ceux qui nous ont précédés. C’est d’ailleurs pour cela, nous dit l’évangéliste, que les témoins directs ont mis ce qu’ils avaient vécu par écrit : pour que nous croyions et que nous ayons la vie. Mais les écrits ne sont pas le seul appui dont nous, les croyants, disposons. N’oublions pas Celui que Jésus vient de souffler sur ses disciples : l’Esprit Saint. Maître intérieur, il nous enseigne ; Force d’en-haut, il nous assure ; Esprit du Père et du Fils, il fait de nous des enfants de Dieu. C’est lui qui communique la foi, c’est lui qui la fortifie, c’est lui qui lui fait porter du fruit.

Désirer une autre manifestation du Christ, hormis son retour en gloire, serait un non-sens alors que nous disposons en nous, « à domicile » pourrions-nous dire, de Dieu lui-même : l’Esprit Saint. Parce que nous avons reçu l’Esprit Saint, nous n’avons aucunement besoin de voir Jésus pour croire. La foi est une vertu théologale, c’est-à-dire une force qui nous est donnée par Dieu : demandons donc à l’Esprit Saint d’affermir notre foi.

Frères et sœurs, vous l’aurez compris, dans l’Évangile de ce dimanche, Jésus nous oriente délicatement vers « l’après » : la vie dans l’Esprit. A l’aide d’une prière de la bienheureuse Marie de Jésus-Crucifié (1846-1878), carmélite palestinienne, invoquons-le avec confiance :

« Esprit-Saint, éclairez-moi. Que dois-je faire et de quelle manière trouver Jésus ? Les disciples étaient très ignorants, ils étaient avec Jésus et ne comprenaient pas Jésus. Moi aussi, je suis dans la maison de Jésus et je ne comprends point Jésus. […] La moindre chose me trouble, m’agite. Je suis trop délicate ; je n’ai pas assez de générosité pour faire des sacrifices à Jésus. […]

Ô Saint-Esprit, quand vous [leur] avez donné le rayon de lumière, les disciples ont disparu ; ils n’étaient plus ce qu’ils étaient auparavant ; leur force a été renouvelée, les sacrifices leur sont devenus faciles ; ils ont connu Jésus plus qu’ils ne l’avaient connu quand il était avec eux.

Source de paix, lumière, venez m’éclairer. [J’ai] faim, venez me nourrir ; [j’ai] soif, venez me désaltérer ; je suis aveugle, venez m’éclairer ; je suis pauvre, venez m’enrichir ; je suis ignorant, venez m’instruire.

Esprit-Saint, je m’abandonne à vous.


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