Le "Bien commun" - L'Eglise Catholique à Reims et dans les Ardennes

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Publié le 13 décembre 2019

Le « Bien commun »

Le « Bien commun », tel fut le thème de la récente journée de formation diocésaine animée par le Père Christian Mellon sj, du Centre de recherche et d’actions sociales (Ceras).

L’homme est un être de relation : il se construit et se développe par la relation. C’est un être social par nature.  L’Eglise s’est toujours opposée à l’individualisme (Genèse1,27) : « Il les créa homme et femme ». L’amour est le principe des micro-relations mais aussi des macro-relations. Les deux sont importantes, avec un équilibre entre les deux. Ceci est le fondement du « politique » du mot grec « polis » qui signifie la cité. Il s’agit de vouloir le bien de l’autre.  Le cardinal Henri de Lubac disait que « l’expression catholicisme social aurait toujours dû passer pour un pléonasme ».

L’Eglise a développé un trésor au cours des années, ce qu’il est convenu d’appeler : la « Doctrine Sociale ».

La première, la grande encyclique  du pape Léon XXIII  « Rerum Novarum »  fut publiée en 1891 : fruit de cinquante ans de réflexion, d’expériences de chrétiens sociaux en Allemagne, en Belgique et en France. Au premier rang desquels figure notre compatriote de Champagne-Ardennes  Léon Harmel,  industriel qui expérimenta la doctrine sociale de l’Eglise dans sa filature du Val des Bois sur la commune de Warmeriville.  

De nombreuses autres ont suivi, en 1963 « Pacem en terris », six mois après 1962 et la crise des missiles à Cuba. Cette encyclique rassemble aussi les premiers commentaires officiels suite à la Déclaration des droits de l’Homme de 1948.

Populorum progressio en 1967 : encyclique sur le développement humain et la notion chrétienne de progrès donnée par le pape Paul VI. Octogesima adveniens une lettre apostolique de Paul VI en 1971, pour le 80ème anniversaire de l’encyclique Rerum novarum de Léon XIII. En 1991, l’encyclique Centesimus annus est publiée pour le centenaire de l’encyclique Rerum novarum, par le pape Jean-Paul II. Elle rappelle la doctrine sociale de l’Église. Elle est une critique du néolibéralisme et de la conception du capital et du profit qui ne tient compte ni de l’Homme ni des ressources de la terre. Jean-Paul II refuse « la primauté des choses matérielles sur l´Homme » et de fait, insiste sur la nécessité d’une éthique dans l’économie. La doctrine sociale de l’Église reconnaît l’aspect positif du marché et de l’entreprise privée à condition que celle-ci s’oriente vers le bien commun.

En 2005, le pape Jean-Paul II précisera que la laïcité bien comprise fait partie de la Doctrine sociale de l’Eglise.  

Suivront entre autres Caritas in veritate en 2009 et Laudato Si en 2015.

Les principes de la Doctrine Sociale de l’Eglise :   

  • La dignité de la personne humaine

Ce qui se traduit par des droits de la personne humaine et des droits économiques et politiques par rapport à la liberté religieuse.

  • Le bien commun

Aimer quelqu’un c’est vouloir son bien et mettre tout en œuvre pour cela. A côté du bien individuel, il y a un bien lié à la vie en société. C’est le bien de nous tous : qui ne se réduit pas à la somme du bien de chacun. Le bien commun c’est ce qui qualifie le politique. L’Eglise parle le plus souvent du Bien commun universel.

  • La solidarité

Il s’agit de passer de l’interdépendance à la solidarité : tous nous sommes bien responsables de tous.

  • Le principe de la destination universelle des biens

Voir Gaudium et Spes: « que selon les possibilités de chacun, ils partagent et emploient vraiment leurs biens en procurant avant tout aux individus et aux peuples les moyens qui leur permettront de s’aider eux-mêmes et de se développer« . Déjà St Ambroise au Vème siècle disait : « Ce n’est pas de ton bien que tu fais largesse au pauvre ; tu lui rends ce qui lui appartient. Car ce qui est donné en commun pour l’usage de tous, voilà ce que tu t’arroges. La terre est donnée à tout le monde, et pas seulement aux riches. »

  • L’option préférentielle pour les pauvres ou mieux, le choix prioritaire pour les pauvres

La veuve, l’orphelin, l’étranger chez tous les prophètes ; la culture du déchet chez le pape François.

  • La subsidiarité

Le bon niveau pour la décision est le plus bas possible ; on monte si besoin seulement. Par exemple, pour les migrations, qu’il y ait une régulation au niveau étatique et une concertation au niveau européen. Qu’elle soit mondiale pour les changements climatiques.

Quelle est l’importance du politique pour le chrétien ?

L’Eglise porte un jugement moral, quand bien même cela pourrait avoir des effets dans le domaine politique. Il y a un Bien commun à rechercher.

 En France l’Histoire est compliquée compte tenu de la révolution de 1789.                                

Quelques dates :

  • Léon XIII signe le ralliement des catholiques à la République en 1890.
  • Pie XII, à Noël 1944 reconnaît dans un radio-message, la démocratie comme un régime louable.
  • Le pluralisme devient une valeur avec Vatican II

Paul VI précise que la politique doit contrôler l’économique, qui ne vise pas seulement le Bien commun. En 1971 déjà, il fustige la concentration des multinationales qui deviennent plus puissantes que les états, donc sans contrôle vis-à-vis du Bien commun. Il lance en conséquence, un appel aux chrétiens pour qu’ils s’engagent sur le plan politique. En 1972, l’épiscopat français s’en fait l’écho : c’est au politique de réguler.

 Jean-Paul II promulgue en 1988, une exhortation apostolique post-synodale « Christifideles laici », Les fidèles laïcs. La perception de la place des laïcs chrétiens est valorisée : tout chrétien a vocation à la sainteté. Ce qui revient à mettre en œuvre une des grandes intuitions conciliaires : l’égale dignité de tous dans le baptême. Le souci des fidèles chrétiens laïcs est de prendre en charge le monde de ce temps : leur engagement est celui d’être présents dans la société humaine pour le service de la dignité intégrale de l’homme, conformément à la doctrine sociale de l’Eglise. Le devoir des laïcs peut être de s’engager en politique.

Dans « Deus caritas est » Benoît XVI, souligne le rapport entre justice et charité. Les deux n’ont pas à s’opposer : l’amour sera toujours nécessaire même dans la société la plus juste. Le propre du politique c’est la justice et le propre de l’Eglise, c’est la charité. Le pape parle de « charité sociale » : les chrétiens travaillent au milieu des autres. Il invite les chrétiens à suivre la voie institutionnelle de la charité. 

 Pour le Pape Benoît XVI, l’Eglise a quatre contributions :

  • la doctrine sociale adressée à tous                                                                           
  • l’Eglise donne vigueur à la foi qui purifie la raison ( il faut se garder des aveuglements éthiques)         
  • l’Eglise met en garde contre l’idéologie du tout politique                                                                    
  • L’Eglise  forme les consciences.

Dans Laudato Si, le pape François poursuit la lignée de ses prédécesseurs, il invite les chrétiens à s’occuper autant des macro-relations que des micro-relations. Par exemple, dans l’accueil des migrants, il demande une « double écoute » celle de la clameur des migrants et celle de la terre. Il fait l’éloge des corps intermédiaires.

L’exigence de s’investir en politique est constante.

Le public a alors posé plusieurs questions dont celle du pourquoi du désintérêt actuel pour la politique, du désenchantement ?

Mgr Bruno Feillet a répondu qu’une des explications serait qu’aujourd’hui, nous avons perdu le sens du temps long.

Cécile Milhau responsable de la Formation Permanente du Diocèse, organisatrice de cette rencontre annonce :

Deux soirées tous publics, sur ce même thème du Bien commun :


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