Homélie pour le jour de Pâques 2020 - L'Eglise Catholique à Reims et dans les Ardennes

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Homélie pour le jour de Pâques 2020

Mes amis, si nous pouvons dire aujourd’hui : « Christ est ressuscité, Christ est vraiment ressuscité, Alléluia », c’est pour plusieurs raisons qui s’ajoutent les unes aux autres.

Il est vraiment ressuscité.

La résurrection de Jésus est une véritable révolution dans l’histoire de la spiritualité. L’idée de résurrection commençait à se faire jour à l’époque du Christ. Elle provenait en particulier de l’expérience de la mort des justes et de la survie des méchants.

Plutôt que d’en déduire l’inexistence de Dieu, les croyants ont postulé que Dieu ferait justice après la mort.

Mais jusqu’à lors, personne n’avait expérimenté cette hypothèse. La résurrection de Lazare n’était qu’un retour en arrière, et il mourra à nouveau. La résurrection de Jésus, quant à elle, est sans retour en arrière. Il ne mourra plus. Il est passé, il a passé la mort. Et comme on dit en Bretagne si quelqu’un est passé, c’est qu’il y a un passage.

Une enquête en trois parties

Sur le moment de la résurrection, il faut bien dire que personne n’y était. Et donc il nous faut, encore aujourd’hui, faire l’enquête, un peu comme des policiers le feraient, à partir des documents que nous possédons et qui sont les évangiles, l’histoire des premiers chrétiens, et notre vie d’aujourd’hui.

Dans les Écritures

L’enquête nous apprends qu’en définitive, nous ne croyons pas que Jésus est ressuscité parce que le tombeau est vide. En effet, il y a certainement plusieurs manières de vider un tombeau, de faire disparaître le corps d’un mort. Vol, soudoiement des gardes, … Ce que nous avons lu est un peu différent. Les apôtres, Pierre et le disciple que Jésus aimait dont la curiosité a été piquée au vif par le témoignage des femmes, courent vers le tombeau pour vérifier leur dire. Le plus jeune arrive d’abord, l’aîné en dernier mais rentre le premier. Ce qu’ils voient est extrêmement intéressant :

En se penchant, [le disciple que Jésus aimait] s’aperçoit que les linges sont posés à plat ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place.

Honnêtement, si nous étions des « voleurs de cadavres », est-ce que nous aurions pris le temps de dévêtir le mort de son suaire, de plier les linges, de les ranger proprement ? Les voleurs vont au plus vite, ils ne veulent pas se faire prendre et ils emportent le corps tout enveloppé.

Ce n’est bien sûr pas LA preuve. Mais c’est un indice intéressant.

En fait, pour reprendre la question du tombeau vide, nous ne croyons pas en la résurrection parce que le tombeau est vide, mais parce que Jésus est ressuscité, le tombeau est vide !

Les témoins sont crédibles

  • Ils ne se sont pas enrichis
  • Ils n’ont pas tiré d’avantages en termes de pouvoir ou de sexualité comme dans les sectes.
  • Ils ont essayé de vivre comme Jésus
  • Ils se sont succédé sans s’assassiner les uns les autres
  • Ils ont été constants dans leur témoignage ; et s’il y a des variantes, c’est pour mieux enrichir le mystère qui s’est imposé par eux. Et de manière étonnante, ils ont préféré garder les variantes un peu contradictoires plutôt que de « fabriquer » un texte sans aspérités, sans difficultés.
  • Ils sont morts sans renier leur foi. Si cela avait été une invention, ils auraient « craqués » au dernier moment. On ne meurt pas pour un mensonge qui ne vous a rien rapporté sinon la mort.

Nous pouvons nous aussi en faire l’expérience.

Aujourd’hui encore Nous pouvons faire l’expérience que vivre comme Jésus nous fait expérimenter, certes la Croix en certaines occasions, mais aussi la joie de la vie donnée et reçue. Spécialement les pardons offerts et accueillis sont comme des petites morts à soi-même et des petites résurrection, comme des surcroît de vie qui nous sont accordés.

Aujourd’hui encore, nous pouvons faire l’expérience que nous décider pour Jésus et faire comme Jésus, c’est-à-dire faire passer les autres avant nous, visiter les malades et les prisonniers, donner à manger aux pauvres et annoncer le règne de Dieu, cela nous fait vivre. Cela nous aide dans notre vie de couple, dans notre vie familiale et dans notre vie sociale. Car à chaque fois que nous le faisons, nous nous trouvons nous-mêmes, nous nous accomplissons comme homme et comme femme. Pourquoi ? Parce que nous avons été créés à l’image et à la ressemblance de Dieu. Nous nous le sommes redit hier soir lors de la grande vigile pascale.

Tout l’entraînement du carême a été de retrouver ce décentrement de nous-mêmes par le jeûne, la prière et le partage. Jésus le vivait parfaitement, c’est pourquoi il a pu mener le plus grand des combats spirituels : Lui le juste, le saint de Dieu, il a dû consentir à mourir comme le dernier des criminels en offrant cette mort pour le salut de tous et de chacun.

S’il a vaincu la mort, ce n’est pas d’abord par la résurrection. S’il a vaincu la mort, c’est parce que la perspective de ce qui semblait être un échec était en fait le signe que même cette limite indépassable de l’humanité ne fut pas un prétexte pour tomber dans le péché ou pour descendre de la croix avec des armées d’anges pour le défendre. Jésus a préféré absorber le mal et la souffrance du monde plutôt que d’en renvoyer la moindre parcelle. Il en est mort, cela se comprend.

La résurrection, en revanche, c’est le 20/20 du Père au choix de son fils. C’est bien le Père qui ressuscite Jésus. Jésus ne s’auto-ressuscite pas lui-même comme le Phénix, l’oiseau mythologique égyptien qui renaît de ses cendres tous les 500 ans.

Alors, oui mes amis, l’expérience du Christ ressuscité est à la portée de notre quotidien. Les saints la manifeste au milieu de nous et rien n’interdit, et même tout nous appelle à faire partie de leur grande famille.


Prière universelle Pâques 2020

Seigneur, en ce jour de Pâques, nous te confions notre Eglise diocésaine. Que l’approfondissement de la prière et de la foi, le développement des liens et des réseaux de proximité, vécus en cette période de confinement, nourrissent son élan missionnaire.

Seigneur, nous te confions les catéchumènes qui devaient être baptisés en cette fête de Pâques. Qu’avec ceux qui les accompagnent, ils restent en attente et en accueil du don de vie nouvelle qui a déjà germé en eux.

Seigneur, nous te confions ceux qui sont éprouvés par l’épidémie, ceux pour qui cette menace s’ajoute à leurs autres épreuves : les réfugiés, les prisonniers, les sans-abri, les isolés. Que la clarté de Pâques donne à beaucoup de s’ouvrir aux détresses de ces frères et sœurs éprouvés.

Seigneur, nous te confions tous les baptisés. Puisqu’en cette fête, ils sont appelés à renouveler la profession de foi de leur baptême, donne leur de rendre compte, avec douceur et respect, de l’espérance dont ta Résurrection les fait porteurs et témoins.


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