Homélie pour le deuxième dimanche de Pâques, le 16 avril 2023, Messe à la maison d’arrêt de Reims - L'Eglise Catholique à Reims et dans les Ardennes

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Publié le 18 avril 2023

Homélie pour le deuxième dimanche de Pâques, le 16 avril 2023, Messe à la maison d’arrêt de Reims

Homélie pour le deuxième dimanche de Pâques, le 16 avril 2023, Messe à la maison d’arrêt de Reims

« Les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées », nous dit l’évangile selon saint Jean, aussi le soir du premier jour de la semaine, le soir du premier dimanche de Pâques de l’histoire, que huit jours plus tard. Et chaque fois, de huit jours en huit jours, « Jésus vint et il était là au milieu d’eux ». Ainsi en va-t-il aujourd’hui pour nous : je suis entré avec les membres de l’équipe d’aumônerie parce que les portes ont été ouvertes pour nous ; pour vous en revanche, elles sont verrouillées, et cependant Jésus vient et il est là au milieu de nous. A vous il vient dire en ce matin : « La paix soit avec vous ! » Il y a deux mille ans, à Jérusalem, il est ainsi venu au milieu de ses disciples, ceux qui l’avaient laissé tomber, abandonné, au soir de son arrestation, celui qui l’avait renié et les autres, qui pas davantage n’avaient pas été capables de l’accompagner jusqu’à la croix. Sa venue au milieu d’eux est donc un pardon, une réintégration, une promesse de réconciliation. Ainsi en est-il chaque dimanche : où que nous nous réunissions, nous chrétiens, dans quelques conditions que ce soit, nous ne sommes jamais une assemblée de purs, de parfaits, encore moins un rassemblement de héros. Nous sommes là avec nos pauvretés, nos peurs, nos hontes, avec nos beaux désirs aussi cependant dont nous ne sommes pourtant jamais sûrs que nous parviendrons à les réaliser et lui vient, et il est là au milieu de nous.  Il en va ainsi dans les églises paroissiales, dans les chapelles, dans les aumôneries d’hôpitaux ou dans les salles de culte des maisons d’arrêt ou des prisons. Cela veut dire, frères, que Jésus, le Seigneur ressuscité, nous dit aussi, ici comme dans les autres lieux : « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie » et il y ajoute le don de l’Esprit-Saint : « Recevez l’Esprit-Saint ». Oui, vous-mêmes, ici présents, le Ressuscité vient à vous pour vous envoyer. Vous êtes là sans doute sans l’avoir choisi ni désiré. Mais vous n’y êtes pas pour rien. Vous avez quelque chose à porter ici, un don qui vient de Dieu par le Ressuscité : « A qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »

Bien comprendre cela peut nous aider à mieux comprendre la réaction de Thomas, l’un des Douze, qui était absent ce soir-là, le soir de Pâques. Que refuse-t-il de croire ? Les autres lui disent : « Nous avons vu le Seigneur ! » mais il ne s’agit pas seulement de savoir si Jésus est vivant ou non mais aussi de comprendre l’envoi des disciples, la mission que le Ressuscité leur donne et le don de l’Esprit-Saint qui leur est fait. Thomas exige de voir et même de toucher les plaies du Crucifié. Il veut vérifier que le Ressuscité est vraiment Celui qui avait été crucifié, c’est-à-dire que celui qui apporte la paix et qui envoie en mission est bien celui qu’ils ont, eux, laissé aller seuls dans la Passion, la souffrance et la mort. « Cesse d’être incrédule, sois croyant » ne porte donc pas seulement sur le fait brut de la Résurrection mais aussi sur le pardon, sur la force de réintégration des pécheurs du Seigneur ressuscité, sur le fait qu’il fait de nous, qui mettons en lui notre foi, des porteurs de son Esprit-Saint pour être au milieu du monde, là où nous sommes, comme des envoyés distribuant, partageant, le pardon reçu.

Saint Pierre lui-même explicite cela à ceux et celles qui le lisent ou l’entendent. Il nous regarde comme ceux qui aiment Jésus sans l’avoir vu, ceux qui mettent leur foi en lui, sans le voir encore, et il ose nous dire : « Vous exultez d’une joie inexprimable et remplie de gloire, car vous allez obtenir le salut des âmes qui est l’aboutissement de votre foi. » Oui, nous ne l’avons pas vu, ni marchant sur nos routes, ni pendant sur le bois de la croix. Pourtant, nous mettons notre foi en lui. La preuve : nous voici réunis ici et nous allons célébrer le grand acte par lequel il donne tout son être pour nous, en notre faveur à nous qui ne le méritons pas, et il fait de nous, qui le méritons encore moins, des membres de son Corps, remplis de son Esprit-Saint, chargés de le porter et de le diffuser en ce monde, là où lui nous envoie. Nous allons, non le voir, mais le reconnaître, dans son Eucharistie, par laquelle il vient au milieu de nous et se tient là, pour nous, devant nous et même en nous, nous emplissant « d’une joie inexprimable. » La preuve encore de sa présence active à lui, le Ressuscité, nous la recevons dans les Actes des Apôtres : « les frères étaient assidus à l’enseignement des Apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières… Tous les croyants vivaient ensemble, et ils avaient tout en commun. » Comment entendons-nous ces paroles aujourd’hui ? Comment les mettons-nous en œuvre ? Comment, là où nous sommes envoyés, constituons-nous des groupes unis par la foi, l’espérance et la charité ? Tout ce que nous faisons et qui s’en approche au moins un peu, nous met sur la voie de la joie dans le Seigneur qui est aussi la joie du Seigneur. Alors, frères, croyez du fond de votre cœur que Jésus vient et qu’il est là au milieu de nous, qu’il vous envoie et vous donne son Esprit-Saint,

 Amen.


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