Homélie pour le 6ème dimanche du Temps pascal, le 14 mai 2023, en l’église Saint-André de Reims, confirmation de quatre lycéens et baptême de cinq enfants - L'Eglise Catholique à Reims et dans les Ardennes

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Publié le 16 mai 2023

Homélie pour le 6ème dimanche du Temps pascal, le 14 mai 2023, en l’église Saint-André de Reims, confirmation de quatre lycéens et baptême de cinq enfants

Homélie pour le 6ème dimanche du Temps pascal, année A, le 14 mai 2023, en l’église Saint-André de Reims, confirmation de quatre lycéens et baptême de cinq enfants

Être chrétien, frères et sœurs, c’est tout simple. C’est aimer Jésus. C’est être affecté par les paroles, les gestes, la personne de Jésus. C’est s’intéresser à lui et vibrer au moins un peu lorsqu’il est question de lui ou lorsqu’il parle ou lorsqu’il s’approche. Aimer est à tout le moins le contraire d’être indifférent. Aimer, c’est sans doute encore un peu plus : se laisser transformer par l’approche de celui que l’on aime, se réjouir que sa proximité nous déplace, ne fût-ce qu’un peu. Jésus, lui, a sa manière d’exprimer ce que l’aimer veut dire : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements » ; « Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime. » Aimer Jésus ne peut rester à des sensations ou des émotions, facilement passagères, vite envolées et de peu de conséquence. Aimer Jésus, c’est garder ses commandements. Mais comprenons bien ce mot : « garder », frères et sœurs. Il ne veut pas dire forcément : respecter à la lettre et sans faillir. Garder les commandements, cela veut sans dire les tenir en soi, dans sa mémoire ; les laisser produire en nous leurs effets. Cela ne signifie pas forcément que jamais un geste de côté ne nous échappera, mais cela signifie que nous accepterons que la parole de Jésus, montant de notre mémoire, nous fasse reconnaître que nous avons manqué et demander pardon. Garder les commandements de Jésus, c’est consentir que le double commandement de l’amour soit la mesure de tous nos comportements et qu’il nous rappelle à nous-mêmes, à ce que nous voulons, si par malheur nous y manquions ou qu’il nous pousse à aller plus loin sur le chemin de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain, sans nous laisser aller à dire : « J’en ai fait assez ». « Garder les commandements » de Jésus, c’est accepter que ces commandements nous travaillent de l’intérieur et nous entraînent parfois à donner ce que nous n’avions pas prévu de partager, à renoncer à ce que nous comptions bien nous approprier.

Que promet Jésus à ceux et celles qui l’aiment et gardent ses commandements ? De prier pour eux le Père et d’obtenir ainsi le don d’un « autre Défenseur », l’Esprit de vérité. Jésus ne promet pas à ses disciples un statut, un établissement, une position spéciale au sein de l’humanité. Il leur promet une relation, vive et vivante et vivifiante, une relation avec le Père qui se traduira par le don d’un Vivant, le don de l’Esprit. Du côté de Jésus, l’amour ne consiste à nous combler de bienfaits, et pas non plus à nous laisser un code, des préceptes, des règles à respecter, mais à demander pour nous au Père une présence, non pas tout à fait la sienne, qui a marché sur nos routes terrestres et même partagé notre développement depuis la naissance jusqu’à l’âge adulte. L’heure est venue d’une présence autre, celle de l’Esprit de vérité qui peut habiter le fonds de notre intelligence, de notre volonté et de notre mémoire, non pour nous déposséder de nous-mêmes mais pour nous apprendre de l’intérieur comment garder les commandements, en acte et en vérité. Jésus ne cherche pas à ce que ses disciples l’imitent de manière servile, le copient ; il nous donne son Esprit de sainteté afin qu’il nous inspire à chacune et chacun de trouver et de chercher les meilleures façons de mettre en œuvre les commandements, de les garder en tout notre être et par toute notre vie, non en les respectant toujours à la lettre mais en acceptant joyeusement de chercher sans relâche comment répondre à leur exigence et en y étant porté non à la mesure humaine, mais selon la mesure de l’Esprit de vérité, celui qui sait ce qui habite le cœur, celui qui sait ce que veut Dieu. Mieux encore, il ne s’agit pas que nous imitions un mort, même très sage et très inspirant ; il s’agit que nous vivions de l’élan même qui a fait vivre et fait vivre à jamais celui qui est vivant. Nous, chrétiens, ne gardons pas les commandements comme on entretient la mémoire d’un être cher, d’un ancêtre qui a posé les fondements d’une certaine manière de vivre. Nous gardons les commandements en répondant aujourd’hui à l’envoi aujourd’hui par le Père de l’Esprit et à l’appel que Jésus nous adresse aujourd’hui et que, grâce à l’Esprit, nous reconnaissons en tout événement, grand ou petit de notre vie : « Celui qui reçoit mes commandements et les gare, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi, je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. »

Alors, frères et sœurs, vous en particulier qui, ce matin, présentez vos enfants pour qu’ils soient plongés dans la mort et la résurrection du Christ Jésus, vous, lycéens, qui vous avancez devant l’autel de Dieu pour que le Père confirme en vous, par le don redoublé de l’Esprit-Saint, la dignité de fils ou de fille du Père, frère ou sœur de Jésus, que vous avez reçue au baptême, vous les parrains ou marraines des uns et des autres, mais vous toutes et tous qui prenez part à cette Eucharistie, entendez bien ce que promet Jésus : « Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous. » Aujourd’hui, en ce moment comme en tout moment, Jésus prie pour nous. Ce qui nous tient unis à lui n’est pas seulement un mouvement qui vient de nous, ce n’est pas seulement notre bonne disposition, mais c’est sa prière au Père pour nous présenter à lui et la volonté du Père qui nous adopte comme ses enfants et qui nous attire sans cesse à son Fils à travers les joies et les épreuves, les facilités et les douleurs de cette vie. C’est pourquoi Jésus appelle l’Esprit « un autre Défenseur ». Le mot grec est « paracletos », paraclet, celui qui défend comme un avocat plaide pour son client et celui qui console. L’Esprit est donné dans le baptême déjà mais plus encore dans la confirmation pour nous assurer que nous sommes unis au Dieu vivant, en marche vers Dieu comme Jésus est en marche vers son Père, non tant par ce que nous savons et comprenons que par le lien vivant de l’Esprit scellé au fond de notre liberté comme un don qui ne peut nous être enlevé. L’Esprit nous assure et nous rassure. Même si nous peinons à mettre en œuvre les commandements, même si nous ne les respectons toujours et surtout si, les respectant, nous n’aimons pas toujours avec assez de délicatesse, de justesse, de patience, parce que nous sommes débordés par notre tempérament, par nos impatiences, par nos peurs, voire par nos colères, toujours nous pouvons nous reprendre. Nous pouvons revenir sur le chemin de l’amour. L’Esprit, répandu en notre liberté profonde, nous travaille de l’intérieur, si nous le voulons bien, pour que nos actes imparfaits, insuffisants, puissent être unis à l’acte de Jésus et être tirés vers l’amour en sa perfection. Nous sommes toujours plus et mieux les fils et les filles du Père, les frères et les sœurs de Jésus et les membres de son Corps, que nous ne le savons et le sentons. Saint Pierre évoque cela dans sa première lettre, dans le passage proclamé ce matin, lorsqu’il nous invite à avoir « une conscience droite, afin que vos adversaires soient pris de honte sur le point même où ils disent du mal de vos pour la bonne conduite que vous avez dans le Christ ». L’Esprit consolateur nous est donné pour nous en assurer. Conduisons-nous selon le Christ, c’est-à-dire en nous laissant guider par son exemple et aussi par son appel, et alors ceux qui se moquent de nous ou que notre comportement étonne finiront par découvrir, ne serait-ce que lors du jugement ultime, que la puissance de l’Esprit-saint nous travaillait et que nous nous laissions faire plus qu’il n’y paraissait. Frères et sœurs, vous les futurs confirmés, vous bébés bientôt baptisés, soyez heureux et fiers au long de votre vie de connaître celui que le monde ne peut vraiment reconnaître, Jésus le Seigneur, mort et ressuscité, et alors vous aussi vous vivrez de l’amour comme don de soi et partage et ce sera votre joie,

Amen.


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