Homélie pour le 5ème dimanche du temps ordinaire, le 5 février 2023, en l’église Saint-André de Cormontreuil - L'Eglise Catholique à Reims et dans les Ardennes

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Publié le 7 février 2023

Homélie pour le 5ème dimanche du temps ordinaire, le 5 février 2023, en l’église Saint-André de Cormontreuil

Homélie pour le 5ème dimanche du temps ordinaire, année A, le 5 février 2023, en l’église Saint-André de Cormontreuil

Jésus, vous le savez, frères et sœurs, nous l’avons d’ailleurs entendu dimanche dernier, ne parle pas ici à la grande foule, mais à ses disciples qui se sont approchés de lui. Après les Béatitudes, les deux analogies que nous venons d’entendre, celle du sel et celle de la lumière, s’adressent donc à nous, qui sommes rassemblés au nom du Seigneur, à nous qui prétendons être les disciples de Jésus. Disciples : ce sont ceux et celles qui écoutent le maître et se mettent à son école, non pas une école théorique mais une école de vie pratique.

Allons droit au but : ces paroles sur le sel et sur la lumière nous visent, nous, chrétiens du début du XXIème siècle, qui avons tant de raisons de douter du Maître qui nous parle et plus encore de notre capacité à lui être fidèles. Cela, même, vaut-il la peine ? 

« Vous êtes le sel de la terre. » Le sel, nous le comprenons bien, une petite quantité en suffit. Il ne faudrait pas que tout devienne sel. Le sel bien dosé exacerbe les goûts, dans leur variété. S’il y a trop de sel, il détruit cette palette et dégoûte le palais. « Vous êtes le sel de la terre » sous-entend donc que nous ne sommes pas forcément très nombreux et que cela peut suffire. Ce n’est pas le nombre que l’analogie distingue, mais la qualité : « Si le sel devient fade, comment lui rendre de la saveur ? » En grec, la langue dans laquelle les évangiles ont été écrits, il est dit : « si le sel devient fou ». Le sel a à voir avec la sagesse. Il en faut un peu, point trop, ce qu’il faut pour que les choses, la vie, les gens, aient du goût, pour qu’il vaille la peine de vivre et que tous s’en rendent compte. Jésus, à peine a-t-il commencé à parler, met en garde ses disciples contre la tentation de se fondre dans la masse, de perdre leur originalité, de ne plus savoir se distinguer des autres au risque de ne plus servir la qualité variée des uns et des autres. Dans notre monde, dans notre temps, frères et sœurs, comment faisons-nous sentir l’originalité chrétienne ?  Comment permettons-nous à d’autres de la goûter, et d’y découvrir non pas une idéologie qui écrase tout ou reprend tout selon son unique point de vue, mais une capacité étonnante et réjouissante de donner du goût à tout ce qui est humain. Du goût : cela veut dire de la saveur et du sens, de la signification. 

La deuxième analogie nous met peut-être sur une piste pour mieux comprendre ce que le Seigneur attend de nous et en quelle situation il nous place. « Vous êtes la lumière du monde. » La lumière est faite pour éclairer et donc rassurer et réjouir celles et ceux qui sont dans la maison.  Les disciples de Jésus peuvent éclairer, c’est-à-dire rassurer et réjouir, ceux et celles qui les observent grâce à ce qu’« ils font de bien ». Que faisons-nous de bien ? Quel bien faisons-nous, chacune et chacun de notre côté et tous ensemble ? Voilà une bonne question à nous poser au début de cette année. Quelques œuvres, quelques actions bonnes, devraient nous distinguer, non pour écraser les autres, mais pour leur donner le désir de « rendre gloire à notre Père qui est aux cieux. »  Pas question selon Jésus que ses disciples se congratulent eux-mêmes ; le bien qu’ils font, ils n’ont pas besoin de le savoir, seul compte que d’autres en rendent gloire à Dieu.

Alors, frères et sœurs, il paraît facile de trouver des exemples d’actions où nous pouvons laisser émerger notre différence chrétienne, de sorte que certains la remarquent et en louent Dieu.

Pour prendre des sujets d’actualité, notre souci est moins que l’avortement soit autorisé ou interdit que d’accompagner celles qui choisiraient d’aller au bout d’une grossesse mal engagée, sans jugement, sans commérage, et d’accueillir avec confiance, même si c’est avec crainte aussi, tout enfant qui viendrait ; notre souci n’est pas seulement que la loi interdise ou tolère ou promeuve l’euthanasie et le suicide assisté que de nous préparer intérieurement à mourir mais aussi à la dépendance à l’égard d’autrui et à ne pas la vivre comme une pure déchéance ; notre mission est moins en matière d’écologie ou de conversion écologique d’annoncer des catastrophes et de désigner des coupables que de nous engager sérieusement dans une vie sobre, économe en biens tirés de la terre ou de l’atmosphère et riche en relations et en échanges. Comment nous préparons-nous à entourer nos parents âgés ou nos frères et sœurs dépendants ou tel voisin, telle voisine ? Des gestes admirables existent tous les jours, inaperçus de beaucoup, vus et admirés par quelques-uns, des gestes de chrétiens ou de non-chrétiens, ou de personnes sans religion. Nous pouvons, nous, disciples de Jésus, y reconnaître l’action de l’Esprit-Saint et rendre gloire à Dieu et nous trouver encouragés et stimulés dans ce que nous avons à vivre. De manière moins dramatique, moins liée à des défis de notre vie sociale, toute attention, tout geste de partage un peu gratuit avec un voisin ou une personne peu connue, donne à voir quelque chose de la délicatesse de Dieu telle que nous la reconnaissons en Jésus.

Saint Paul nous l’a fait entendre, comme jadis aux chrétiens de Corinthe : « Parmi vous, je n’ai rien voulu connaître d’autre que Jésus-Christ, ce Messie crucifié. » A vrai dire, frères et sœurs, nous n’avons pas toujours de réponse aux questions du monde, et moins encore à ses angoisses. Nous n’avons pas de solution au problème humain, sinon « Jésus Christ, ce Messie crucifié ». Dans chaque Eucharistie nous célébrons que le don de soi vécu sans réserve produit l’immense fécondité de la Résurrection, que rien donc n’est semé en terre qui ne porte du fruit, si cela a été donné d’un cœur généreux et consentant. Mais la seule preuve que nous puissions en donner, c’est l’Eucharistie du Seigneur, dont la puissance de Dieu et non la sagesse humaine fait la nourriture de notre foi, de notre espérance et de notre charité.

Amen.


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