Homélie pour le 3ème dimanche de Pâques, le 23 avril 2023, en la chapelle du Christ Souverain Prêtre, à la Clarté-Dieu, à Orsay - L'Eglise Catholique à Reims et dans les Ardennes

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Publié le 2 mai 2023

Homélie pour le 3ème dimanche de Pâques, le 23 avril 2023, en la chapelle du Christ Souverain Prêtre, à la Clarté-Dieu, à Orsay

Homélie pour le 3ème dimanche de Pâques, année A, le 23 avril 2023, en la chapelle du Christ Souverain Prêtre, chez les Franciscains, à la Clarté-Dieu, à Orsay, session des associations de fidèles menant la vie commune

Frères et sœurs, vous qui fréquentez habituellement cette chapelle ou qui y venez aujourd’hui pour la messe dominicale, permettez-moi d’adresser mon propos avant tout aux membres des associations de fidèles menant la vie communion réunis en session de travail avec la Conférence des évêques et la Conférence des religieuses et religieux de France. L’évangile de ce dimanche nous suggère une méditation presque facile, trop facile peut-être mais utile néanmoins. En ce premier jour de la semaine, le matin et non le soir, en ce dimanche de Pâques, que répondrons-nous au Seigneur qui nous rejoint et qui nous interroge : « De quoi discutiez-vous en chemin ? » Nous avons parlé, nous aussi, de Jésus de Nazareth, livré aux mains des hommes, et de son corps navré. Ce qui est arrivé à Jésus, il y a deux mille ans, sur les routes de la Galilée, de la Judée et de la Samarie, ou à Jérusalem, tout cela se prolonge dans son corps qui est l’Église, y compris ses peines et ses souffrances. Mais, pendant des siècles, nous aurions évoqué tout tranquillement les martyrs, comme ceux qui ont été béatifiés hier à Paris, en l’église Saint-Sulpice. Nous aurions évoqué avec tristesse comment la foi peut provoquer la haine et susciter la violence et nous aurions répondu avec fierté en montrant ceux qui ont consenti à livrer leur vie plutôt que renier leur Seigneur, et qui l’ont fait sans haine mais en aimant encore ceux même qui les mettaient à mort. Aujourd’hui, nous ne pouvons évoquer Jésus de Nazareth bafoué et mis à mort sans rappeler que des membres de son Corps même sont les coupables de ces méfaits, sans rappeler aussi que des membres de son Corps ont été ou sont les victimes d’autres membres, censés faire circuler la charité, qui la détournent pour assouvir leurs passions et leur besoin de dominer ou de détruire. Alors, oui, frères et sœurs, interrogés en ce matin par le Seigneur, nous pouvons nous arrêter tout tristes et lui répondre : « Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem qui ignore les événements de ces jours-ci. »

Mais pour nous aussi, il relit les Écritures et il nous montre qu’il fallait que le Messie souffrît pour entrer dans sa gloire. Ce n’est pas pour rien qu’il a été bafoué en son corps humain, en son humanité toute entière assumée ; ce n’est pas pour rien qu’il a souffert l’agonie à Gethsémani, devant l’apparente insignifiance de ce qu’il allait subir face à la capacité de l’humanité de se faire du mal et de faire le mal ; ce n’est pas pour rien qu’il a connu la mort et qu’il est descendu aux enfers, suivant jusqu’au bout le chemin d’abaissement, depuis la gloire du Fils éternel qui n’a pas retenu comme une proie d’être à l’égal de Dieu mais qui s’est anéanti en prenant notre condition humaine et anéanti plus encore par la mort et la mort de la croix, selon les mots de saint Paul aux Philippiens. Pour nous, en notre faveur, il est ressuscité. Tout le mal que les humains peuvent faire, tout le mal même que ceux et celles qui se réclament de lui peuvent faire, ne peut empêcher que, lui, soit ressuscité, qu’il soit vivant, plus fort, plus libre, plus vivant, que tout le mal qui peut l’atteindre. Celui qui nous rejoint ce matin et nous accompagne sur notre route nous en assure : lui qui est blessé à mort par les crimes et les violences et les abus de pouvoir que même certains de ses membres ont pu ou peuvent commettre est le Ressuscité, le Vivant, celui que la mort, comme l’a proclamé Pierre au jour de la Pentecôte, ne peut retenir en son pouvoir, celui dont la chair, conformément au psaume, ne pouvait voir la corruption. En ces temps honteux et douloureux que nous vivons, il nous faut, frères et sœurs, accepter d’entendre le Seigneur Jésus nous en assurer : lui, Jésus, lui et lui seul de nous tous, parce qu’il est le Fils bien-aimé du Père et qu’il l’a été jusqu’à l’extrême de l’obéissance par amour du Père et par amour pour nous, est ressuscité. Il ne l’est pas, certes pas, grâce à nous ; il l’est à cause de nous comme il a souffert et est mort à cause de nous, mais il l’est pour nous, pour que le mal ne l’emporte sur aucun membre de son corps, pour que son corps ecclésial, blessé et blessant, puisse ne pas être prisonnier du mal.

Le travail de purification que vit l’Église, elle le vit par le Ressuscité et pour lui. Elle en puise la force et l’énergie dans la puissance qui l’a tiré, lui, de la mort. Parce qu’il est, lui, ressuscité des morts, nous ne pouvons pas, nous ses disciples, nous résigner au règne du mal, à la domination des forces mortifères, à l’esclavage des passions et des pulsions les plus porteuses de mort. Nous pouvons croire que l’Esprit-Saint nous est donné, qui nous donne la force et donc aussi l’obligation de nous lever, de nous dégager du mal, de faire la vérité ou de laisser la vérité advenir. Nous pouvons reconnaître sans le camoufler le mal commis, parce que le Ressuscité nous rejoint, nous relève et nous tire vers lui. Nous pouvons chercher à purifier nos comportements et nos fonctionnements, sans crainte, sans réserve, parce que nous avons pour tête celui qui a rejoint les humains dans le gouffre où le mal peut les placer et qui en est sorti libre et vainqueur.

L’apôtre Pierre nous l’a fait entendre avec force, frères et sœurs. Lorsque nous sommes rassemblés comme nous le sommes ce matin, nous n’offrons pas de l’or ou de l’argent, ni des animaux que l’on puisse acheter et offrir à notre place. Nous présentons au Père son Fils bien-aimé qui s’est jeté dans la balance en notre faveur à tous et à chacune et à chacun, non comme une chose, non comme un poids de chair, mais comme une conscience libre, comme une personne faisant un choix délibéré. Son acte unique nous rend capables, nous osons le croire, de lui répondre nous aussi en livrant notre vie, en nous laissant habiter par son Esprit, afin que notre conduite soit digne de celui qui nous a rachetés pour nous ouvrir à une conduite nouvelle, à un comportement nouveau. Nous n’avons pas besoin de cacher nos actes les plus honteux, parce que par lui et en lui nous pouvons les porter sous le regard du Père, et parfois même sous celui des autres, afin d’être libérés de leur poids, afin que l’offrande librement consentie l’emporte à jamais sur les déterminismes et les conditionnements de nos constructions psychologiques.

Frères et sœurs, réjouissons-nous en ce matin. Le Seigneur nous rejoint, chacune et chacun, personnellement et dans nos associations ou nos différents engagements. Il nous invite à nous intéresser à lui, à sa souffrance à lui et à son entrée dans la gloire à lui. Lui, l’unique Fils bien-aimé fait homme, transforme nos chemins de tristesse et de mort, soudain, en accès à la vie pour toujours. Ayons confiance que les temps douloureux de l’Église la préparent pour une mission plus libre, mieux ajustée, plus lumineuse. Ne nous attristons pas d’être purifiés de conduites mauvaises ou même seulement insuffisantes et réjouissons-nous de pouvoir servir la vérité du Ressuscité et la bonté du Père qui nous l’a donné,

 Amen.


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