Homélie pour le 30ème dimanche du Temps ordinaire, en l'église Saint-Nicolas de Rethel, confirmation d'adolescents et d'adultes - L'Eglise Catholique à Reims et dans les Ardennes

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Publié le 31 octobre 2023

Homélie pour le 30ème dimanche du Temps ordinaire, en l’église Saint-Nicolas de Rethel, confirmation d’adolescents et d’adultes

Homélie pour le 30ème dimanche du Temps ordinaire, année A, le 29 octobre 2023, en l’église Saint-Nicolas de Rethel, confirmation d’adolescents et d’adultes

Frères et sœurs, permettez-moi de vous poser à tous une question que j’ai posée aux confirmands de ce jour lors de notre rencontre il y a quelques semaines, en l’église Saint-Remi de Rethel, l’église qui est le long du canal. Savez-vous ce qu’est une onction ? Vous faites-vous des onctions dans votre vie quotidienne ?

En fait, vous vous faites, nous nous faisons, une onction chaque fois que nous nous mettons de la crème solaire ou une pommade. L’onction consiste à faire entrer un corps gras dans la peau en frottant. Lorsque les humains ont inventé l’huile, par exemple l’huile d’olive, ils ont vite constaté que l’huile produisait son effet lorsqu’on ne la voyait plus, lorsqu’elle avait été suffisamment absorbée par la peau : elle assouplit les muscles, soulage les courbatures, nettoie la peau. Bien vite, les humains, et notamment les Juifs ont compris qu’il y avait là une belle image de l’action de ce que Dieu nous donne. Parfois, sans doute, l’action de Dieu tombe sur nous comme la foudre ; parfois comme la pluie, mais plus souvent elle agit comme l’huile, en nous pénétrant et en nous transformant peu à peu. Dieu ne modifie pas forcément les conditions extérieures de notre existence, mais il nous transforme, nous, il nous fortifie, il nous donne des forces, il nous renouvelle de l’intérieur de sorte que nous puissions avancer dans l’existence avec une force, une énergie, une lucidité rajeunies, voire inattendues.

Pourquoi ce détour par l’onction ? Parce que le sacrement de la confirmation est signifié par une imposition des mains et par une onction. Dans quelques instants, nos frères et nos sœurs seront appelés par leur prénom, ils se lèveront un à un en disant « Me voici » ; avec les prêtres présents, nous leur imposerons les mains, puis ils s’approcheront de moi à tour de rôle et je les marquerai sur le front avec l’huile composée et consacrée pendant la messe chrismale : le Saint-Chrême. Vous entendez bien : saint-chrême, messe chrismale, on peut parler aussi de chrismation. La racine « chr » vient du mot grec « Christ » qui veut dire la même chose que le mot hébreu « Messie », c’est-à-dire celui qui a reçu l’onction de l’Esprit de Dieu, celui sur lequel l’Esprit de Dieu est descendu comme une huile sur la tête, descendant lentement, pénétrant progressivement la peau pour y produire son effet. Le peuple d’Israël donc attendait un Christ, un Messie, quelqu’un sur lequel l’Esprit de Dieu serait descendu, habitant et transformant suffisamment son intelligence, sa volonté, sa mémoire, pour qu’il puisse conduire le peuple entier selon les intentions de Dieu, sans se laisser emporter par son orgueil, son besoin de dominer ou de prendre, mais au contraire en laissant l’amour de Dieu pour son peuple et l’intelligence de Dieu pour son peuple et la tendresse de Dieu pour son peuple habiter et renouveler toutes ses démarches.

Alors, frères et sœurs, avez-vous fait attention au psaume que nous avons chanté entre les deux lectures. Nous y avons dit : « Vive le Seigneur ! Béni soit mon rocher ! Il donne à son roi de grandes victoires, il se montre fidèle à son messie. » Ceux qui ont composé ce psaume qui est à la fois une poésie et un chant liturgique pensaient au roi d’Israël, à David et à ses successeurs dont ils espéraient toujours, de génération en génération qu’ils seraient aussi bons rois, voire meilleurs rois que leur ancêtre. Mais ils visaient aussi le roi définitif, le Messie avec une M majuscule, celui dont le règne serait enfin l’établissement du règne de Dieu sur la terre, c’est-à-dire la parfaite réalisation de la volonté de Dieu, de son dessein. Le psaume nous parle donc de Jésus, le vrai Messie. Ses victoires ne sont pas des victoires militaires, ni des victoires économiques, ni une domination culturelle. Ses victoires sont l’aboutissement des batailles qu’il mène pour nous et en nous, pour nous dégager des influences mauvaises et pour établir en nous son principe d’attraction à lui, qui ne nous tire pas vers le Seigneur par la contrainte, mais doucement, patiemment, en habitant peu à peu les complexités de notre capacité à prendre des décisions, à faire des choix… Ceci pour nous permettre à tous d’aller vers Dieu, de correspondre à Dieu, en pleine liberté, dans une liberté croissante.

Le messie donc, que chante le psaume, celui à qui Dieu donne de grandes victoires, c’est vous dès lors que vous serez confirmés, oints par le Saint-Chrême après l’imposition des mains, le don de l’Esprit-Saint déjà reçu au baptême étant en vous confirmé, renforcé, établi avec plus de force, afin que l’Esprit-Saint s’associe à votre intelligence, votre volonté, votre mémoire qui se sont déployées en vous depuis votre naissance et votre baptême. Vous êtes des messies, des christs, frères et sœurs, qui êtes confirmés, des messies, des christs, à qui Dieu se montre fidèle et à qui il donne de grandes victoires.

Quelles sont ces victoires alors ? Nous les entendons évoquer dans la discussion de Jésus avec les scribes et les pharisiens qui a été lue comme évangile, comme bonne nouvelle en ce jour. « Quel est le plus grand commandement ? », demande-t-on à Jésus. Et vous avez entendu sa réponse : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit, de toute ta force ». C’est le premier commandement et c’est une immense bonne nouvelle. Vous l’avez bien compris, vous qui venez demander à être confirmés. Ce que Dieu nous demande de plus important n’est pas de mener des jeûnes terribles, de mener une vie extraordinaire, d’accomplir des exploits moraux, de subir des épreuves effrayantes, c’est d’aimer, de l’aimer en tout ce que nous faisons, de l’aimer comme nous respirons. Et que veut dire « aimer Dieu » ? Comment pouvons-nous aimer Dieu qui surpasse toute compréhension ? Deuxième commandement qui est semblable au premier parce qu’il en est la transcription concrète : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Ce qui veut dire deux choses : il est bon de s’aimer, mais il faut s’aimer en aimant les autres.  Et surtout : que nous aimions Dieu se montre en aimant les autres et, pour aimer les autres, pas pour nous-mêmes, pas pour le bénéfice que nous en retirons, mais pour eux, il faut apprendre à les aimer en Dieu et pour Dieu.

Aimer, nous le comprenons, n’est pas seulement avoir de la sympathie, éprouver une émotion agréable en voyant les autres. C’est plutôt faire le pari que l’autre est un frère ou une sœur qui m’est donné pour m’aider ou à qui je suis donné pour l’aider. Cela ne se vérifie pas toujours du premier coup. Cela contredit même certaines expériences. Mais qu’il est beau, qu’il est doux, qu’il est fort et réjouissant de vivre ainsi. L’une de vous me l’a écrit : « Je ne vois pas les autres positivement parce que je suis naïve mais parce que je suis fille de Dieu ; je ne pardonne pas trop facilement comme on me le reproche parfois parce que je serai faible, mais parce que je suis fille de Dieu. » Le début du passage d’évangile qui a été proclamé nous rappelait que la question posée à Jésus par le docteur de la Loi était un piège, pour le coincer afin de pouvoir le mettre en accusation. Répondre que le premier commandement est d’aimer Dieu et le second d’aimer son prochain peut paraître indolore, cela peut sembler plein de bons sentiments et ne menacer personne. Mais Jésus, qui dit cela, s’apprête, lui, à donner sa vie sur la croix, pour la vie de tous les humains ; il s’apprête à être mis à mort en pardonnant à tous et en demandant pour tous la vie plus forte que la mort. C’est que le commandement d’aimer met à jour en nous, en nos cœurs, en nos libertés, tout ce qui s’y oppose à l’amour : nos peurs, nos méfiances à l’égard des autres, nos besoins de posséder, de dominer, de détruire parfois. Comprenons bien ceci et comprenez-le bien, vous qui allez être confirmés : il est réjouissant de proclamer que nous voulons vivre en aimant et pour aimer ; mais cette proclamation permet de nous juger, elle nous expose : serons-nous à la hauteur de ce que nous aspirons à vivre ? L’Esprit-Saint vous est donné pour que vous trouviez jour après jour l’énergie, la force, le goût de chercher comment aimer en actes et en vérité et Dieu et votre prochain, dans chaque acte de votre vie. Vous pourrez toujours le prier pour cela. C’est la grande victoire que vous pouvez demander. Parfois vous serez rattrapés par votre tempérament ou votre caractère. L’Esprit-Saint vous assurera que vous pouvez toujours revenir sur le meilleur chemin et qu’il vaut la peine de le faire.

Alors, frères et sœurs, chers amis, n’oublions pas qu’aimer Dieu et aimer son prochain passe par des attitudes aussi concrètes que celles que nous a décrit le livre de l’Exode ; réjouissons-nous d’avoir reçu ou de recevoir le don de l’Esprit-Saint et d’être des messies, entraînés dans la victoire de Jésus, le Messie, le Christ de Dieu, sur la mort et le péché ; puissent être vraies de vous, confirmés de ce matin et de vous tous, frères et sœurs, les paroles de l’Apôtre aux chrétiens de Thessalonique : « La nouvelle de votre foi s’est si bien répandue partout que nous n’avons pas besoin d’en parler… Vous vous êtes convertis à Dieu en vous détournant des idoles afin de servir le Dieu vivant et véritable »,

                                                                                                                                      Amen           

                                                                                                                                                                                                              


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