Homélie pour le 24ème dimanche du Temps Ordinaire - L'Eglise Catholique à Reims et dans les Ardennes

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Publié le 14 septembre 2021

Homélie pour le 24ème dimanche du Temps Ordinaire

Homélie pour le 24ème dimanche du Temps ordinaire, année B, le 12 septembre 2021, en l’église Saint-Nicolas de Rethel, installation de l’équipe pastorale.

Dans un instant, frères et sœurs, j’interrogerai le P. Arnaud Toury en lui demandant de renouveler les promesses de son ordination et lui vous interrogera sur la foi en Dieu Père, Fils, Saint-Esprit.  Ce faisant, nous vivrons une situation analogue à celle des disciples lorsque Jésus, sur la route de Césarée de Philippe, les interrogea : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? ». La réponse à cette question crée un lien nouveau, qui n’est pas un lien familial, qui ne vient pas de l’appartenance à une même classe sociale, à une même école de pensée, un lien qui naît de ce que nous voulons dire à Jésus et de Jésus. Répondre que l’on croit en Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit développe seulement ce que Pierre répondit d’un mot : « Tu es le Christ ». Christ est le mot grec pour dire Messie, qui est le mot hébreu, celui qui a reçu l’onction et qui est plein de l’Esprit de Dieu, celui qui est envoyé par le Père pour nous donner part à l’Esprit-Saint. Or, frères et sœurs, la mission que je confie à l’équipe pastorale au service de votre espace missionnaire pourrait se détailler en longs discours, elle comporte des aspects nombreux, mais la liturgie de ce jour nous invite à aller à l’essentiel qui nous est indiqué par l’Évangile proclamé en ce dimanche. La mission de l’équipe pastorale se résume en ce qu’ils répondent, chacun personnellement et tous ensemble, en faisant leur la réponse de Pierre et qu’ils vous aident à donner cette même réponse, une réponse qui soit intégrée ou intégrable dans celle de l’apôtre. J’ai besoin d’entendre ceux et celles que je vous envoie dire leur foi en Dieu Trinité, en Dieu comme Jésus le Christ nous donne d’entrer en relation avec lui et de découvrir qu’il est, j’ai besoin de vérifier qu’ils vous aideront bien à confesser Jésus ainsi, comme le Fils bien-aimé du Père créateur venant à nous pour nous donner part à l’Esprit de Dieu.

La question de Jésus à ses apôtres nous appelle à vérifier toujours ce que nous disons de Jésus, non pas seulement dans le secret de nos cœurs ou de nos âmes, mais encore par ce que nous en laissons percevoir par celles et ceux qui nous entourent et qui nous observent. Que peuvent comprendre de Jésus les hommes et les femmes avec qui nous vivons sur cette terre en nous voyant vivre, voilà la question qui doit nous habiter chacun et tous. L’équipe pastorale est constituée au milieu de vous et elle vous est envoyée pour vous soutenir et vous encourager, vous stimuler aussi, afin que votre vie soit une réponse toujours plus libre, toujours plus profonde, toujours plus claire à la question de Jésus : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » Pour cela il importe que la réponse de chacun des membres de l’équipe fasse écho à celle de Pierre et que la vie, la manière d’être et de travailler et de vivre de l’équipe dans la diversité de ses membres confesse aussi que Jésus est le Christ et que Dieu est Père, Fils et Saint-Esprit, Dieu unique mais Dieu de communion dans l’amour par le don de soi. C’est pourquoi l’équipe pastorale reflète au moins un peu la diversité de l’Église, qu’elle est une réduction du Corps entier : ses membres vivront et agiront à votre service dans la communion de la foi. Tel est l’enjeu de ce que les chrétiens depuis les origines appellent la « synodalité », le fait de « marcher ensemble » pour avancer en vérité vers le Dieu vivant et dans sa lumière et sa force.  Les prêtres et, d’une manière différente les diacres, risquent toute leur vie sur la réponse à la question « qui est Jésus ? ». Rien d’autre ne leur est donné pour vivre. Les diacres ont leur épouse, leur famille, leur métier présent ou passé, mais, par l’ordination, ils ont tout remis pour être configurés au Christ Serviteur. Tous, dans le baptême, prêtres ou diacres ou laïcs, nous avons tout remis de notre être entre les mains de Jésus, pour avoir part avec lui – il n’y a qu’un seul baptême -, mais les laïcs reçoivent du Christ la lumière et la force pour bâtir leur maison familiale et contribuer à améliorer ce monde. Les laïcs membres de l’équipe pastorale acceptent cependant de venir à vous non en raison de leurs compétences sociales ou professionnelles mais au nom du Christ. Ils ou elles participent à la recherche par l’équipe pastorale de ce qui lui fera exprimer au mieux pour vous et avec vous qui est Jésus de Nazareth.

Il est bon que la réponse de chacun puisse être celle de tous aussi, qu’elle converge et enrichisse la réponse de tous. Il importe surtout que nous ne réduisions pas Jésus à nos coordonnées terrestres ou humaines, que nous ne le ramenions pas à un message compatible avec nos idées ou nos besoins ou nos intérêts immédiats. Il s’agit toujours de dire Jésus plus grand que nous, plus grand toujours que nous ne pouvons le dire et le montrer. Nous entendons cela dans le dialogue de Jésus avec Pierre. L’apôtre qui a su proclamer au nom de tous les autres qui est Jésus avec le mot si fort pour les Juifs de « Christ » constate soudain que ce qu’il a en tête n’est pas ce que Jésus s’apprête à vivre. Pourquoi ? Parce que Jésus va affronter le mystère du mal plus profondément, plus radicalement que nous n’osons jamais le regarder. Jésus, plein de l’Esprit de Dieu, envoyé par le Père, ne vient pas nous apporter des idées sur Dieu, la vie, la mort, ni raffiner sur le bien et le mal ; cela, l’Alliance avec Israël et la vie d’Israël avec Dieu l’ont déjà donné, mais Jésus est Dieu qui vient affronter le mal, la force de négation et de refus qui ronge nos libertés et qui est passée de la liberté humaine au cosmos entier. Il se prépare à souffrir et à mourir, parce qu’il est conscient que le mode de vie auquel il appelle les humains bouleverse et bouleversera toujours les certitudes, les identités, les manières de vivre que nous nous construisons pour nous protéger, nous défendre, assurer notre survie, alors que le mouvement même de Dieu consiste à se donner pour que d’autres vivent. En annonçant ses souffrances, Jésus se présente comme celui qui vient nous accompagner et même nous précéder sur le chemin du don de soi, du service de tous choisi dans la confiance que le Père fait toujours aboutir un tel don dans un surcroît de vie. Il est celui qui vient nous partager sa manière d’être et de vivre, nous rendre capables, nous dont le mouvement spontané devant la mort est de nous rétracter sur nous-mêmes, de nous ouvrir aux autres, de nous apporter toujours, et il est celui qui fait que le moindre mouvement en ce sens soit fécond pour toujours et pour tous les humains. C’est pour cela qu’il y a un sacerdoce ministériel et pas seulement le baptême : parce que nous avons besoin de nous replacer dans l’acte de Jésus qui se donne pour nous afin que nous apprenions à aimer comme il aime, comme dans la communion éternelle qu’est Dieu.

Nous entendons en ce dimanche de la bouche de Jésus une formule qui, souvent, nous inquiète : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. » Nous comprenons là un avenir de renoncements, de souffrances, de sacrifices et cela nous fait peur, nous répugne, nous inquiète. Mais peut-être faut-il prendre l’image pour ce qu’elle est. « Qu’il prenne sa croix » : une croix, un joug, pèse sur nous, sur chacun de nous, une croix plus ou moins lourde, un joug qui nous écrase plus ou moins. « Qu’il prenne sa croix et qu’il me suive » : il est possible donc de ne pas rester immobilisé, accablé ; il est possible de prendre sa croix sur l’épaule comme on porte un trophée et d’avancer un peu ou même beaucoup. Il est possible de faire de notre vie un chemin sur lequel nous avançons non pas vers le vieillissement et la mort mais vers l’apprentissage d’être fils et filles du Père et vers la vie en plénitude. Jésus est venu pour cela. Jésus vient à nous pour cela, pour que nous nous mettions en route à sa rencontre. Les prêtres et les diacres vous sont envoyés pour que vous vous laissiez approcher par Jésus, – non par eux mais par Jésus-, et fassiez de votre vie une réponse forte, libre, joyeuse, courageuse, à sa venue. Les laïcs, membres de l’équipe pastorale, marchent avec eux pour les aider à vous rejoindre sur votre chemin, sur le chemin que Dieu veut pour chacun de vous.

Frères et sœurs, comment savons-nous que nous professons Jésus tel qu’il est, dans sa vérité à lui et non à la mesure de nos idées bonnes ou étroites ? D’une part, en nous reconnaissant toujours dans la réponse de Pierre. D’autre part, en rendant notre foi en Jésus active auprès des pauvres, en accueillant les pauvres comme Jésus nous appelant à lui, selon les fortes paroles de saint Jacques. Dans le monde tel qu’il est, dans le monde tel qu’il va, nous pouvons trouver facilement des raisons d’être inquiets ou en colère ou abattus. Mais, nous chrétiens, nous qui disons « Jésus est le Christ », nous avons la grâce et la joie de croire, c’est-à-dire de savoir que le chemin du don de soi ouvre à la vie en plénitude et que tout acte en ce sens suffit à justifier une vie. En chaque Eucharistie nous célébrons cela : « Celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera », en lui et en beaucoup d’autres,

                                                                                             Amen.


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