Homélie pour le 1er dimanche de Carême, en l’église Notre-Dame de Neuvizy, célébration diocésaine de l’appel décisif - L'Eglise Catholique à Reims et dans les Ardennes

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Publié le 27 février 2023

Homélie pour le 1er dimanche de Carême, en l’église Notre-Dame de Neuvizy, célébration diocésaine de l’appel décisif

Homélie pour le 1er dimanche de Carême, année A, le 26 février 2023, en l’église Notre-Dame de Neuvizy, célébration diocésaine de l’appel décisif

Frères et sœurs, je voudrais ce matin vous dire six paroles, trois à propos des lectures qui viennent d’être proclamées et trois plus précisément pour les appelés de ce jour.

Concernant les lectures de la liturgie de la Parole :

  1. Partout le besoin de salut se fait sentir. Pour nous chrétiens, ce besoin vise avant tout la liberté. Car la liberté n’est pas la capacité de faire ce que l’on veut, comme bon nous semble, mais la capacité de choisir le meilleur, de consentir au meilleur, de donner sa confiance. Nous l’entendons dans le récit du premier péché : le serpent s’attaque à la liberté de l’être humain, en troublant l’intelligence de la femme et en passant par elle pour affaiblir la volonté de l’homme. Il sape la confiance en Dieu dont l’homme et la femme vivaient paisiblement. Et si Dieu ne voulait pas nous donner le meilleur ? Jésus, lui, vient pour restaurer notre liberté. Le diable l’attaque justement dans sa confiance au Père, dans son obéissance, dans sa détermination à aller vers les humains avec les moyens que le Père a préparés pour lui et non avec d’autres, d’allure plus efficace. Jésus, vainqueur du diable, ouvre une voie de guérison et de restauration à nos libertés. Surtout, il se porte en avant pour être le médecin de notre liberté humaine.
  2. Jésus a l’air de répondre facilement aux suggestions du diable. Ne croyons pas cependant que le dialogue que saint Matthieu reconstitue n’a été qu’un échange de mots. « Si tu es le Fils de Dieu » : le diable, le démon, met Jésus au défi de montrer qui il est vraiment. Jésus, lui, exprime avec toute son humanité, son être de Fils du Père. Il ne se contente pas de répliquer habilement, par des citations habilement choisies. Chaque parole qu’il prononce, chaque citation qu’il fait des Écritures saintes, il y adhère de toute son humanité. C’est sa chair affamée qui dit : « L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». Car Jésus, en étant baptisé, a pris sur lui la destinée d’Israël et, par là, de toute l’humanité. Tenté par le diable, il doit confirmer qu’il veut vraiment aller là où le Père le conduit : non pas aller vers les humains pour acheter leur consentement en réglant leurs problèmes d’alimentation, non pas les impressionner en narguant la mort ; non pas les dominer par la puissance politique, mais donner sa vie pour tous et pour chacun. C’est par le don de soi par amour, mobilisant toute sa liberté, qu’il peut rejoindre et toucher et rénover la liberté de chacun des êtres humains, et aussi en compenser les ratés parfois tragiques.
  3. La lecture de la lettre aux Romains a pu vous paraître compliquée. Saint Paul veut nous dire ceci : si notre condition humaine est soumise à la mort, de mille manières, c’est en raison d’un choix de liberté et parce que nous sommes solidaires les uns des autres, que nous nous tenons les uns les autres, dans les choix que nous faisons ou que nous esquivons. Que nous le voulions ou non, nos vies sont marquées par le péché, c’est-à-dire par la méfiance à l’égard de Dieu qui peut se durcir en refus de Dieu, qui sont des mouvements de notre liberté. Que nous le voulions ou non, nous avons du mal à diffuser la vie de Dieu ; toujours, un peu ou beaucoup, nous y ajoutons nos peurs, nos méfiances, notre besoin de dominer, de posséder, de détruire parfois. Dieu, le Créateur, a beaucoup à condamner dans l’humanité concrète. Mais il choisit au contraire de livrer le Fils qui devient l’un de nous. Reconnaître en Jésus le don de Dieu, c’est proclamer que, malgré tout ce qui sépare de lui, Dieu choisit de venir jusqu’à nous, de nous pardonner, de renouer l’alliance avec nous. Jésus est l’un de nous qui fait la volonté du Père jusqu’au bout, sans réserve. Nous pouvons nous abriter en lui, même avec nos faiblesses.

Pour vous, catéchumènes :

  1. Vous allez être appelés. Cette célébration, dès les débuts du christianisme, marque que, si vous avancez vers Jésus, c’est parce que Dieu vous a choisis. Il s’adresse à votre liberté. Il attend de vous que vous osiez avancer à la suite de Jésus, que vous osiez vous convertir, en changeant un peu ou beaucoup de votre vie, à la lumière de Jésus ;
  2. Au long du Carême, vous allez vivre les scrutins. Toute l’Église prie pour que vous soyez fortifiés, pour que la grâce du Christ coupe les liens qui vous retenaient loin de Jésus : liens des habitudes, liens des addictions, liens des passions et des pulsions. La vie chrétienne est un combat, un heureux combat, un combat contre tout ce qui pourrait nous emprisonner et faire de nous les esclaves de nos désirs ou des désirs des autres, un combat aussi contre ce qui nous fait peur et qui nous empêche d’oser aimer en vérité. Ayez confiance et osez apprendre à aimer et pour cela à vous laisser aimer, mais ne confondez pas l’amour avec la volonté de domination ou de possession.
  3. Cette célébration a lieu dans un lieu consacré à Marie, la mère de Jésus. Nous, catholiques, peut-être le constatez-vous, sommes très attachés à Marie. Les chrétiens orthodoxes aussi. Les Protestants, peu ou très différemment. Nous croyons, nous, que Jésus a associé sa mère à son œuvre de salut. Marie est la mère à qui nous pouvons confier notre liberté pour que, par la puissance de l’Esprit de Jésus, elle soit liberté de consentement, liberté d’adhésion, liberté de choisir le meilleur, dans la lumière de Dieu, afin de servir l’œuvre de Dieu en nos actions les plus fortes et aussi les plus humbles.

Frères et sœurs, réjouissons-nous de voir nos frères et nos sœurs catéchumènes répondre à l’appel de Dieu ; accompagnons-le de notre prière ; confions-les à l’intercession de Marie, mère de Dieu. Que l’appel de Dieu, en ce Carême, atteigne le fond du fond de leur liberté et le dispose pour la grâce du baptême et de la confirmation. Qu’ils deviennent des fils et des filles du Père, choisissant avec confiance les moyens de Dieu,

Amen


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