Homélie pour le 13ème dimanche du Temps ordinaire le 28 juin 2020 - L'Eglise Catholique à Reims et dans les Ardennes

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Publié le 30 juin 2020

Homélie pour le 13ème dimanche du Temps ordinaire le 28 juin 2020

Homélie pour le 13ème dimanche du Temps ordinaire, année A, le 28 juin 2020, en l’église Saint-Thomas, de Reims, baptême et confirmation des catéchumènes adultes.

Pas de meilleur commentaire des paroles de Jésus qui viennent d’être proclamées que ce que nous allons célébrer maintenant : le baptême et la confirmation de quelques-uns parmi nous. Vous allez, chers amis, être plongés dans la mort et la résurrection du Christ Jésus. Par le signe si simple de l’eau versée sur votre front, vous allez être unis au Seigneur Jésus qui, par obéissance au Père et par amour pour nous, est descendu dans la mort, pour affronter la mort dans toute son acuité, et qui est sorti vainqueur de cet affrontement, revenant à la vie pour nous ouvrir les portes de la vie éternelle. Dans ses commencements, peut-être parce qu’elle a démarré dans des pays plus chauds que le nôtre, l’Église plongeait chaque catéchumène dans une vraie piscine par trois fois. Chacun éprouvait physiquement l’impression de descendre dans la mort et de remonter vers la vie. Pour des raisons de commodité, l’Église a renoncé à cette forme expressive. Je me contenterai donc de vous verser de l’eau sur le front, mais l’idée de base est bien celle d’accompagner le Christ dans sa mort pour avoir part à sa résurrection. Pourquoi ? A cause de ce que nous venons d’entendre : « Qui aime son père ou sa mère plus que moi, n’est pas digne de moi. Qui aime son fils ou sa fille plus que moi, n’est pas digne de moi. »

Ces paroles de Jésus nous surprennent toujours, nous-mêmes, vieux chrétiens habitués. Peut-être vous surprennent-elles spécialement, vous qui vous présentez en ce jour pour être baptisés et confirmés. Aviez-vous compris ainsi l’exigence de Jésus ? Notre époque a peur de ce que les analystes et les journalistes appellent le radicalisme. Non sans raison, parce que le radicalisme est une maladie, une pathologie. Mais le Seigneur Jésus nous appelle à la radicalité. Il est venu nous manifester l’engagement de Dieu et nous montrer que cet engagement de Dieu pour que nous puissions vivre pour toujours est à la vie et à la mort. Il est venu pour nous installer dans un nouveau principe de vie. Il ne se contente pas de nous rappeler la loi de Dieu, de nous appeler à vivre selon le meilleur de nos intentions, de nous exhorter à oser vivre dans l’amour de Dieu et du prochain. Il est venu se faire, à la racine de l’être de chacun et chacune des humains, la source d’une vie nouvelle, celle des fils et des filles du Père. Lui, le Fils unique et bien-aimé, lui, l’Engendré éternellement, a pris notre condition humaine, pour faire de nous ses frères et ses sœurs pour toujours, pour venir nous tirer de l’esclavage du péché et nous hisser jusqu’à la vie filiale.

Il nous appelle à prendre notre croix pour le suivre. Ce n’est pas qu’il nous appelle à souffrir pour le plaisir de nous voir souffrir. Il nous appelle à vivre et à vivre plus, à vivre davantage. Prendre notre croix et le suivre, c’est travailler sur soi et se laisser travailler intérieurement pour devenir, dans le Christ et par lui et avec lui, des vivants qui portent la vie, des vivants qui apprennent à ne pas être source de mort pour les autres ni pour eux-mêmes mais à réaliser la promesse de Dieu que nous puissions, nous humains, nous entraider à nous convertir, à changer de vie, en puisant dans les ressources intérieures du Christ, pour vivre dans la foi, l’espérance et la charité. Le prophète Élisée en est le modèle, lui qui a pu oser promettre à la dame qui le recevait qu’elle aurait un enfant.

A nous tous, à ses apôtres, à ceux qu’il envoie en mission, le Seigneur promet : « Qui vous accueille m’accueille, et qui m’accueille accueille celui qui m’a envoyé. » Ceci vaut pour les Apôtres et leurs successeurs : évêques, prêtres et diacres, d’une manière particulière. Mais cela vaut aussi pour tout disciple du Christ, pour tout qui a été plongé dans sa mort et sa résurrection et tâche de vivre dans la lumière de la résurrection. Il nous faut bien comprendre de quoi il s’agit. Qui devons-nous être, frères et sœurs, comment devons-nous vivre, pour que cela soit vrai, pour qu’il soit effectif que qui nous reçoit, reçoit le Seigneur Jésus lui-même ? Comment devons-nous travailler sur nous-mêmes pour que nous apportions dans les rencontres que nous faisons, non pas simplement nous-mêmes avec notre caractère, notre tempérament, nos passions mais, à travers tout cela, par-delà tout cela, la présence mystérieuse du Christ.

Autant, frères et sœurs qui allez être baptisés dans un instant et confirmés ensuite, autant le baptême nous arrache à la chaîne des générations pour nous ancrer dans le Christ et nous permettre de porter sa sève vers les autres, autant la confirmation, par le don redoublé du Saint-Esprit, nous habilite à chercher à être reçu ainsi, comme le Seigneur, ce qui ne veut pas dire comme des hôtes d’honneur. Car, comprenons-le : le Seigneur qui parle est celui qui marche vers sa Passion, celui qui se dirige vers le mystère pascal de son rejet par les humains et de sa réhabilitation et glorification par le Père pour la vie éternelle. Il ne nous garantit aucun succès, mais il nous promet que tout ce que nous ferons en ce sens sera intégré par sa puissance de résurrection et servira à la vie de beaucoup.

Alors, frères et sœurs, vous tous ici rassemblés autour de celles et de ceux qui vont être baptisés et confirmés et qui vont devenir avec nous des membres du Corps du Christ, vous tous, paroissiens de cet espace missionnaire, invoquons ensemble les saints. Demain, nous fêterons les saints apôtres Pierre et Paul et mardi les premiers martyrs de l’Église de Rome. Nous nous inscrivons dans cette longue chaîne, et nos amis de ce jour nous y rejoignent pour toujours, une chaîne vivante qui fait émerger dans l’humanité le peuple nouveau de celles et de ceux qui veulent vivre de la charité de Dieu en ce monde déjà, avec l’espérance de la vie éternelle. L’aventure humaine est faite pour la vie. Rendons gloire au Dieu vivant,

                                                                                      Amen.


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