Homélie pour la solennité de l’Épiphanie, le 8 janvier 2023, en l’église Saint-Nicolas de Rethel, confirmation des lycéens et des scouts - L'Eglise Catholique à Reims et dans les Ardennes

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Publié le 10 janvier 2023

Homélie pour la solennité de l’Épiphanie, le 8 janvier 2023, en l’église Saint-Nicolas de Rethel, confirmation des lycéens et des scouts

Homélie pour la solennité de l’Épiphanie, année A, le 8 janvier 2023, en l’église Saint-Nicolas de Rethel, confirmation des lycéens et des scouts.

Frères et sœurs, nous célébrons ce matin l’Épiphanie du Seigneur en demandant à Dieu de confirmer nos jeunes amis en renouvelant en eux de manière plénière le don de l’Esprit-Saint. « Épiphanie » veut dire « manifestation » : ce qui était invisible, celui qui est invisible, se rend visible à nos yeux, perceptible à nos sens. Dans l’évangile selon saint Matthieu, la « manifestation » se fait spécialement à des mages venus d’Orient. Dès la naissance de Jésus est exprimé d’une manière un peu énigmatique – qui sont ces mages, quelle est cette étoile dont ils parlent- mais indubitable que cet enfant-là qui vient pour Israël, pour être à sa manière « le roi des Juifs », vient aussi pour tous les peuples, pour toutes et tous ceux qui cherchent Dieu depuis toute l’humanité. Permettez-moi de retenir trois points pour nos amis qui vont être confirmés.

Les mages voyagent jusqu’à ce qu’ils entrent dans la maison où « ils virent l’enfant avec Marie sa mère ». Leur recherche les conduit jusqu’à la rencontre avec une personne humaine, avec cet enfant-là né d’une femme, Marie, fille de Nazareth en Galilée. L’aboutissement de leur quête n’est pas dans des idées, même très amples, ni dans des valeurs, même très touchantes. Leur recherche aboutit à rencontrer une personne qui n’est encore qu’un tout petit enfant, incapable de parler, mais qui est portée et présentée par sa mère, en qui et par qui il reçoit l’héritage immense du peuple d’Israël. Pour vous, frères et sœurs qui allez être confirmés ce matin ou qui l’êtes depuis longtemps, l’Esprit-Saint vous est donné en sa plénitude pour que vous puissiez aller jusqu’à Jésus, progresser dans la connaissance de Jésus, vous laisser unir à lui afin d’avoir part avec lui et en lui à l’alliance de Dieu avec Israël qu’il est venu ouvrir à tous les peuples. Plusieurs d’entre vous évoquent dans la lettre qu’ils ou elles m’ont écrite l’attention aux autres, le sens du service, l’écoute… Ce sont de belles et bonnes qualités ou vertus qu’il vous faut développer et enraciner toujours davantage en vous pour qu’elles soient vraiment la règle de votre vie. Mais nous, chrétiens, croyons que nous n’avons pas besoin d’idées seulement, de valeurs morales seulement, mais aussi de la présence et de l’action de Jésus en qui Dieu vient à nous en nous rejoignant dans notre humanité. Il est né en un endroit précis, à un moment donné, il s’est fait fils d’un peuple, un peuple préparé de longue main par l’alliance avec Dieu, tout cela pour être en vérité l’un de nous et pouvoir nous donner à tous, dans l’espace et le temps, ce qu’il avait à apporter, sa vie à lui de Fils éternel du Père.

Comment trouvons-nous Jésus ? Comment pouvons-nous arriver jusqu’à lui ? Le récit de la venue des mages nous éclaire. Remarquez, frères et sœurs, que les grandes étapes de leur périple se retrouvent dans la dynamique de la messe. Ils se sont mis en route parce qu’ils ont vu une étoile se lever et que lire la route des étoiles était en quelque façon leur métier ; ils se sont adressés au roi de Juifs, Hérode, et aux grands-prêtres et aux scribes du peuple qui ont lu pour eux les saintes Écritures et leur ont donné l’indication dont ils avaient besoin pour aller jusqu’à l’Enfant. Puis ils ont entrepris une ultime étape, assez brève, entre Jérusalem et Bethléem et ils sont arrivés jusqu’à la maison où ils pouvaient trouver l’enfant avec Marie sa mère et lui offrir leurs présents. Nous venons à la messe pour toutes sortes de raisons, plus ou moins claires en nous : l’obligation, le désir, le besoin, la joie… que sais-je ; nous y entendons les saintes Écritures et le prêtre nous les commente pour que nous puissions y trouver l’indication dont nous avons besoin, pour que nous soyons encouragés dans notre marche à la suite du Christ Jésus, dans notre manière de mettre en œuvre les commandements du Seigneur, pour que soit élargie et affermie notre manière de regarder le monde et de le comprendre et d’y tenir chacune ou chacun notre place dans la lumière et la force de Jésus, mais il faut encore la partie eucharistique où nous apportons nos présents, c’est-à-dire nous-mêmes pour célébrer l’acte de Jésus qui se donne à nous et pour accueillir sa présence jusqu’au plus intime de nous-mêmes. A nous il est donné de ne pas voir seulement l’enfant avec Marie sa mère mais de participer à son acte à lui d’offrande de soi au Père pour nous et de nous nourrir du don qu’il nous fait de tout son être. Mais la dynamique est la même : pour accéder à Jésus, nous disposons de ce que notre intelligence de la vie nous fait désirer, attendre, chercher ; nous avons besoin de l’expérience d’Israël recueillie dans les Écritures que l’homélie devrait nous aider à nous approprier et, alors, nous pouvons avancer jusqu’au cœur de la maison, l’autel du sacrifice et la table du repas où l’Enfant, devenu pour nous l’Agneau de Dieu nous attend et nous espère. En avançant dans la vie chrétienne, chères amies, chers amis, vous découvrirez la richesse de la Parole de Dieu reçue par Israël, vous apprendrez à y trouver davantage votre nourriture et vous progresserez dans l’intelligence de l’acte de Jésus, de ce qu’il a fait dans son dernier repas et sur la croix et qu’il a mis entre les mains de son Église, c’est-à-dire de nous tous. Saint Paul nous a dit cela d’une phrase : « Toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile. »

Les « mages regagnèrent leur pays par un autre chemin. » Voilà, frères et sœurs, et vous, chères amies et chers amis qui allez être confirmés qui devrait encore nous rapprocher de ces mages mystérieux. Mais le chemin différent n’est pas forcément physique ou géographique. Il est surtout intérieur, personnel. On ne sort pas indemne de la rencontre de Jésus. En revenant de la messe ou de toute célébration d’un sacrement, demandons-nous en quoi nous sommes transformés, renouvelés, légèrement décalés. Nous allons à Jésus avec une attente, un désir, une recherche, et nous recevons de lui autre chose que ce que nous attendions. Il vient combler nos attentes mais il n’est pas prisonnier de nos désirs ou de nos rêves. Plusieurs de vous ont évoqué des doutes ou des interrogations ; le chemin de préparation que vous avez vécu vous a aidé à les surmonter. Mais comprenons-le bien tous ensemble : Dieu ne vient pas à nous en Jésus exactement à la place que nous lui avons prescrite ; Dieu ne se manifeste pas à nous sous le régime de l’évidence. Toujours il vient pour nous décaler, nous déplacer, nous approfondir, pour nous inviter ou nous appeler à donner ce que nous n’avions pas prévu de donner, d’ouvrir ce que nous n’avions pas prévu d’ouvrir. Et donc, nous allons à lui par un certain chemin et nous avons à revenir par un autre que nous ne connaissons pas encore.

Frères et sœurs, regardez avec joie et avec fierté ces jeunes gens qui se tiennent devant l’autel. Par eux, en un sens, se réalise la prophétie d’Isaïe : « Lève les yeux alentour, et regarde : tous, ils se rassemblent, ils viennent vers toi ; tes fils reviennent de loin, et tes filles sont portées sur la hanche ». Vos enfants ou petits-enfants, vos frères et sœurs, vos amis, vos voisins, ces jeunes gens, nous aident à voir comme il est bon, comme il vaut la peine, de se déplacer physiquement et intérieurement pour s’approcher du Seigneur Jésus et se laisser approcher par lui. Par leur démarche de ce jour, ils manifestent leur disponibilité à devenir de plus en plus des fils et des filles du Père et à vivre ou à tâcher de vivre en conséquence, selon cette dignité. Nous les accompagnons de notre prière et de notre fraternité. Comme les grands-prêtres et les scribes du peuple, indiquons-leur ensemble où ils peuvent trouver le vrai roi des Juifs qui est le vrai roi du monde, mais allons avec eux jusqu’au bout, laissons-nous toucher par l’Enfant et sa mère et repartons par un autre chemin, les mêmes devenus autres, par la grâce du Dieu vivant,

Amen.


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