Homélie pour la solennité de l’Ascension du Seigneur, en la basilique Notre-Dame d’Espérance, à Charleville-Mézières, confirmation des lycéens - L'Eglise Catholique à Reims et dans les Ardennes

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Publié le 21 mai 2023

Homélie pour la solennité de l’Ascension du Seigneur, en la basilique Notre-Dame d’Espérance, à Charleville-Mézières, confirmation des lycéens

Homélie pour la solennité de l’Ascension du Seigneur, année A, le 18 mai 2023, en la basilique Notre-Dame d’Espérance, à Charleville-Mézières, confirmation des lycéens

Homélie pour la solennité de l’Ascension du Seigneur, année A, le 18 mai 2023, en la basilique Notre-Dame d’Espérance, à Charleville-Mézières, confirmation des lycéens

Frères et sœurs, nous voici donc rassemblés pour célébrer à la fois l’Ascension du Seigneur et méditer sur le sens de cet événement et la confirmation des jeunes gens qui se tiennent ce matin devant l’autel et qui sont pour nous les prémices de tous les autres, jeunes ou adultes, qui sont ou seront confirmés en ces jours. Vous le comprenez bien : il s’agit de la réalisation, cette année comme les autres années, de l’unique mystère pascal, c’est-à-dire de l’enchaînement de la passion et de la mort et de la résurrection et de l’ascension de Jésus et enfin du don de l’Esprit-Saint en la Pentecôte, enchaînement des événements vécus par Jésus le Christ, le Messie d’Israël et qui se réalisent aussi non seulement pour nous mais en nous. Ce matin, la conjonction de la célébration de l’Ascension et de la confirmation de nos jeunes amis peut nous inspirer trois réflexions.

La première est que l’Ascension marque le passage du régime de la vue à celui de la venue. Nous avons entendu saint Luc introduire le livre des Actes des Apôtres, suivant son évangile, en rappelant que Jésus, pendant quarante jours, était apparu aux apôtres qu’il avait choisis. A la fin du récit de l’épisode, les deux hommes en blanc qui se tiennent devant les apôtres leur annoncent que Jésus « viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. » Nous ne voyons pas Jésus comme quelqu’un de ce monde, comme nous nous voyons les uns les autres avec notre système oculaire, mais Jésus vient à nous, sans cesse. Il vient à nous par sa Parole, il vient à nous dans la prière, il vient à nous dans ses sacrements et tout particulièrement dans celui de l’Eucharistie. Il ne se tient plus devant nous comme un objet que nous aurions à voir parce qu’il vient à nous comme un don que nous avons à recevoir. La visibilité la plus forte qui nous en est donnée est celle de l’Eucharistie où il se fait nourriture, il se laisser ingérer par nous. Car venir à nous, pour Jésus, c’est venir habiter le cœur du cœur de notre être, le cœur du cœur de notre liberté, pour nous unir en lui à son Père, de sorte qu’entre le Dieu vivant et nous il y ait ce que les mystiques appellent « l’union des volontés ». L’Esprit-Saint, chers amis, va vous être donné à nouveau en ce jour, d’une manière qui va confirmer ce que vous avez reçu au baptême, pour vous ajuster de l’intérieur de vous-mêmes à la venue du Seigneur Jésus ressuscité et vivant. L’Esprit-Saint, seul, l’Esprit du Dieu vivant, l’Esprit qui est un de la Trinité seul, peut nous ajuster à reconnaître la venue de Jésus, dans son Eucharistie en entrant dans la foi de l’Église entière, dans tous et chacun des sacrements, dans ce que nous appelons l’inhabitation de Dieu en nous, dans les événements de notre vie et surtout dans les rencontres multiples que nous pouvons vivre. L’Esprit-Saint nous ajuste de l’intérieur de nous-mêmes pour nous rendre capables de reconnaître et de recevoir le Seigneur venant à nous pour nous habiter et nous faire grandir, nous dilater, depuis le plus profond de notre être.

La seconde réflexion que la célébration de ce jour nous propose est que nous vivons ainsi dans la puissance de Dieu. Saint Paul l’a évoquée pour nous dans sa lettre aux Éphésiens : il y demande que nous puissions reconnaître « quelle puissance incomparable le Père déploie pour nous, les croyants » et il décrit « l’énergie, la force, la vigueur qu’il a mise en œuvre dans le Christ quand il l’a ressuscité d’entre les morts et qu’il l’a fait asseoir à sa droite dans les cieux ». L’Ascension ne signale pas l’absence de Dieu de notre histoire. Tout au contraire, ce mystère, ce fait de l’Ascension, nous donne de comprendre que Dieu ne cesse pas de déployer dans notre histoire personnelle comme dans l’histoire collective de l’humanité la puissance qu’il a mise en œuvre pour tirer Jésus des profondeurs de la mort et l’exalter jusque dans la gloire en son humanité corporelle elle-même. La résurrection de Jésus, comprenons-le, ne consiste pas seulement à le tirer de la mort, de l’abîme de la mort, pour le rétablir dans notre vie terrestre. Elle consiste plus encore à le tirer dans ce qu’il a de plus humain et qui l’unit à nous tous jusqu’en la plénitude de la vie. L’Ascension du Seigneur nous signale donc à tous que l’accomplissement de notre vie à chacun ne se trouve pas seulement dans les conditions de la vie terrestre bornée par la mort ; il ne consiste certainement en une sorte de survie plus ou moins larvaire dans une éternité sans durée. Notre vie terrestre s’accomplit dans une vie plus qu’humaine et néanmoins à laquelle tout en nous est orienté. Le plus qu’humain n’est pas le transhumanisme que certains voudraient imaginer. Etre plus qu’humain ne consiste pas à courir plus vite que le guépard ou à voir mieux que l’aigle. Etre plus qu’humain en vérité consiste à aimer ceux et celles que nous aurions des raisons de ne pas aimer et par conséquent déjà d’aimer ceux et celles que nous aimons d’un amour qui ne soit pas une recherche de soi mais une ouverture de soi et une vulnérabilité consentie de soi aux autres. Voilà, chers amis, pourquoi encore l’Esprit-Saint vous est donné de manière renouvelée en ce jour. Pour que vous puissiez découvrir, au long de votre vie, en toutes ses circonstances, chacune et chacun selon ce que vous avez d’unique et d’irremplaçable, comment vous pouvez engager votre existence dans l’amour compris selon l’amour de Dieu pour nous manifesté dans le Christ Jésus. Notre époque se gargarise d’intelligence artificielle. Les plus lucides disent bien que cette expression est un leurre : il ne s’agit pas d’intelligence mais de puissance de calcul qui imite l’intelligence humaine. Ce n’est pas plus une intelligence qu’un hologramme n’est l’être qu’il semble faire apparaître. Car l’intelligence humaine n’est pas fondamentalement une puissance de calcul : elle est notre capacité de découvrir qui je suis en vérité et de décider de le devenir vraiment. L’Esprit-Saint vous est donné, ce matin et définitivement, pour vous accompagner en ce travail intérieur, le seul qui nous mette sur la voie de votre accomplissement.

Enfin, l’Ascension, nous l’avons entendu, ouvre le temps de la mission, c’est-à-dire de l’envoi. Nous ne sommes pas dans ce monde par hasard ni sans but : nous sommes des envoyés. Nous y sommes des envoyés du Dieu vivant qui compte sur nous pour être « ses témoins »,  – Jésus a dit cela à ses apôtres : « Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre »-, et pour faire de toutes les nations des disciples, leur apprenant à observer tout ce que Jésus a commandé. On parle beaucoup de mission aujourd’hui ; nous, évêques et prêtres, exhortons tout le monde à devenir missionnaire, disciple missionnaire. Comprenons-le bien : il n’est pas question de devenir les voyageurs de commerce d’une entreprise qui a du mal à convaincre. Il s’agit, frères et sœurs, de consentir à être là où nous sommes et qui nous sommes, non par fatalité, non par tous les déterminismes de la vie sociale, pas non plus par notre seule volonté et la réalisation de nos projets, mais parce que Dieu, le Dieu vivant, nous y envoie dans la force de Jésus ressuscité, pour montrer à celles et ceux que nous rencontrons qu’être humain ne se réduit pas à survivre ici-bas mais qu’être humain consiste à consentir à être plus grands que nous-mêmes, porteurs d’une vie plus haute, témoins d’un amour qui  nous précède et qui nous enveloppe mais qui nous pousse les uns vers les autres pour que nous devenions des frères et des sœurs, nous ouvrant les uns aux autres au plus intime de nous-mêmes. L’Esprit-Saint, chers amis, va venir habiter votre intelligence, votre volonté, votre mémoire, pour que vous puissiez, au long de votre vie, vivre la différence chrétienne ou plutôt la nouveauté du Christ, vivre en membres vivants du  Corps du Christ, allant vers les autres en mettant en œuvre le désir de Dieu de les faire entrer dans sa vie en plénitude.

Frères et sœurs, il se peut que nous soyons impressionnés, en ce jour, par ce qui paraît être l’affaiblissement de notre Église. Comment alors recevoir l’appel du Christ Jésus : ‘Allez ! de toutes les nations, faites des disciples. » Peut-être le rite du baptême peut-il nous éclairer : celui qui est baptisé est plongé trois fois dans l’eau pour avoir part à la mort du Christ et participer à sa résurrection. Trois fois, pas tellement parce qu’il y a le Père, le Fils et l’Esprit-Saint, car ces Trois ne sont qu’Un, mais trois fois parce que la vie nouvelle donnée par le baptême doit atteindre les profondeurs les plus intimes de notre liberté, de notre liberté à chacun comme de notre liberté collective, si l’on peut ainsi parler. En notre temps, comme en tous les temps la puissance de Dieu qui tire Jésus de la mort et l’exalte au plus haut des cieux. Que la vision de nos jeunes amis qui demandent à être confirmés nous encourage tous à repartir chez nous comme des envoyés du Dieu vivant, des membres du Corps du Christ partageant sa bonté pour tous, des témoins de la vie plus haute en laquelle il nous attire tous,


                                                                                                                 Amen.


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