Homélie pour la messe du 4ème dimanche après Pâques, le 30 avril 2023, baptêmes et confirmations et premières communions pour les gens du voyage, à Charleville-Mézières - L'Eglise Catholique à Reims et dans les Ardennes

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Publié le 5 mai 2023

Homélie pour la messe du 4ème dimanche après Pâques, le 30 avril 2023, baptêmes et confirmations et premières communions pour les gens du voyage, à Charleville-Mézières

Homélie pour la messe du 4ème dimanche après Pâques, année A, le 30 avril 2023, baptêmes et confirmations et premières communions pour les gens du voyage, parc des expositions, à Charleville-Mézières.

Chers amis qui allez être baptisés ou confirmés, vous obéissez ce soir à l’appel de l’apôtre Pierre. Lorsqu’au jour de la Pentecôte, les Juifs qui entendirent sa prédication lui demandèrent : « Que devons-nous faire ? », il répondit, nous l’avons entendu : « Convertissez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ ». C’est ce que vous allez vivre, vous allez recevoir le baptême : vous allez être plongés dans la mort de Jésus pour avoir part aussi à sa résurrection. Comme le dit l’apôtre, vous êtes baptisés au nom de Jésus Christ « pour le pardon de vos péchés » et vous allez recevoir le don du Saint-Esprit, ce don qui va être redoublé en ceux et celles qui vont être confirmés ce soir, tandis que ceux et celles qui vont communier au Corps du Christ pour la première fois vont recevoir la nourriture de la vie nouvelle qu’ils et elles ont reçu lors du baptême. Car le baptême n’est pas d’abord une question d’idées, de conceptions de la vie et de la mort et de l’au-delà ; le baptême n’est pas d’abord l’adhésion à des valeurs. Être baptisés c’est recevoir une vie nouvelle, naître une nouvelle fois, non plus de l’union d’un homme et d’une femme mais, sur la base de cette union qui nous donne la vie, naître dans la volonté de Dieu qui veut faire de nous ses fils et ses filles.

Nous qui vous entourons, nous voyons se réaliser en vous ce que l’apôtre Pierre appelle : « la promesse ». « Car la promesse, a-t-il dit, est pour vous, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont loin, aussi nombreux que le Seigneur notre Dieu les appellera. » le don que nous recevons au baptême, ou dans la confirmation ou dans l’Eucharistie, n’est pas réservé à quelques-uns. Il peut être partagé à l’infini, il grandit en un sens lorsqu’il est partagé, distribué largement, lorsqu’il est reçu par des hommes et des femmes qui jusque-là ne souhaitaient pas s’en approcher ou ne pouvaient le faire. Chers amis, sous nos yeux, grâce à vous, en vous, s’accomplit la parole de l’Ap^tre et cela nous remplit de joie et remplit de joie toute l’Église.

Alors, pourquoi devons-nous renaître ? Pourquoi est-il bon pour de recevoir le pardon de nos péchés ? Pourquoi avons-nous besoin du don de l’Esprit-Saint ? On peut apporter à ces questions plusieurs réponses, mais l’évangile selon saint Jean qui  a été proclamé en ce dimanche nous en suggère une, fondatrice : parce que nous sommes des créatures créées à l’image et à la ressemblance de Dieu et que nous ne pouvons avoir d’autre Seigneur que Dieu, mais nous avons besoin d’avoir Dieu pour Seigneur de nos âmes et lui ne veut l’être que si nous le choisissons, que si nous y consentons de toute notre intelligence et notre volonté. Le péché nous a pris sous son pouvoir, et la mort avec lui. Le Christ Jésus, lui, est Dieu lui-même venu en notre condition humaine pour briser notre esclavage : « Lui n’a pas commis de péché, a pu dire saint Pierre ; dans sa bouche, on n’a pas trouvé de mensonge. » Lui est le Fils bien-aimé du Père qui se fait notre Seigneur non parce qu’il a besoin de nos services, non pour nous exploiter à son profit, non pour nous tromper et nous utiliser pour sa gloire, mais seulement parce qu’il veut nous partager ce qui le fait vivre depuis toujours et pour toujours, ce qui le rend vivant de toute éternité et à jamais : l’amour du Père qui lui donne vie et l’amour qu’en retour il donne au Père. Il en résulte que nous ne sommes pas faits seulement pour survivre ici-bas, pour grandir, nous nourrir, nous distraire et puis mourir. Nous sommes faits pour nous partager la vie les uns aux autres et nous ne pouvons le faire que dans la force et sous la protection de Jésus, lui notre berger, « le gardien de nos âmes » comme le nomme Pierre.

Vous qui êtes là devant l’autel en ce soir, vous avez reconnu sa voix. Vous avez entendu ce qu’il avait à vous dire, vous avez reconnu qu’il venait pour votre bien, pour votre liberté, pour vous rendre capables de vivre dès ici-bas et pour l’éternité en fils et en filles du Père, portant sa bonté en ce monde, capables de partager quelque chose du pardon qu’est Dieu à notre égard, capables de donner aux autres du temps pour qu’ils grandissent e se convertissent. Vous avez senti que Jésus était la porte, la porte de ce qu’il y a de plus profond, de plus vrai, de plus intime et de plus important en chacun de nous, celui qui peut nous apprendre à vivre non pas superficiellement mais dans notre grande profondeur, en rejoignant notre liberté profonde.

Vous, gens du voyage, pour autant que je vous connaisse, vous n’êtes pas des familles de gardiens de troupeaux. Vous aimez trop votre indépendance. Comment pouvez-vous comprendre pour vous, l’image des brebis dans enclos que prend Jésus. Vous voulez bien vivre dans un pays donné, dans un État, mais vous voulez pouvoir bouger à votre guise, ne pas être liés à un sol comme des esclaves à une terre. Justement, c’est cela que Jésus vient nous dire à tous : nous, les humains, nous ne nous définissons pas d’abord par le fait d’être des citoyens d’un État, puis des ouvriers au service de grandes entreprises économiques ni des soldats potentiels pour une armée. Nous sommes faits pour l’unique Pasteur qu’est Jésus, c’est-à-dire Dieu lui-même venu partager notre condition humaine. Lui vient porter nos péchés dans son corps, sur le bois, afin que nous, « morts à nos péchés, nous vivions pour la justice ».  Nous ne sommes faits pour être esclaves d’aucune puissance d’ici-bas, ce qui ne veut pas dire que nous ne pouvons pas les servir mais alors librement, en vue d’un plus grand amour. Nous sommes faits pour être conduits par Dieu et par nul autre que lui, non pas pour nous laisser aller à nos violences, à nos colères, à la réclamation de nos intérêts particuliers au détriment des autres, mais pour servir le bien de Dieu, le bien que Dieu veut réaliser en faveur de tous les humains et à travers nous tous. Alors, ce soir, réjouissons-nous de voir quelques-uns de vous renaître de l’eau et de l’Esprit, réjouissons-nous d’en voir certains être confirmés par le don de l’Esprit-Saint, réjouissons-nous d’accompagner ceux et celles qui vont communier pour la première fois. Car en elles et en eux nous découvrons à nouveau, nous gens du voyage ou non, que nous sommes appelés à porter la vie, la vie en abondance, la vie même de Dieu offerte à tous,

 Amen.


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