Homélie pour la Messe d’adieu de Mgr Daniel LABILLE

Messe d’Adieu de Mgr Daniel LABILLE (Basilique Notre-Dame d’Espérance), mercredi 4 janvier 2023

Première lecture : 2 Tm 1, 1-3,6-12. – Ps 85.  – Evangile : Jn 17, 20-26.

               « Je sais en qui j’ai cru. » Cette phrase de la deuxième lettre à Timothée, Daniel la cite dans son testament spirituel. Cela nous a invités à regarder ce texte, et à le choisir, car en lisant ce que Saint Paul dit de sa vocation et de son ministère, nous avons reconnu la vocation même de Daniel, avec ses accents particuliers.

               « Je sais en qui j’ai cru. » La foi demeure un don de Dieu (le remercierons-nous jamais assez pour ce cadeau), mais ce don, il nous faut l’approfondir, le confronter à la raison, ce qui permet cette audace : JE SAIS en qui j’ai cru. Cette audace fut celle de Daniel tout au long de sa vie, un infatigable lecteur, tant de théologie que de la vie des hommes. La formation lui tenait à cœur, et il partageait son étonnement vis-à-vis de chrétiens, si pertinents pour les choses du monde et si peu formés en ce qui concerne la foi. Saurons-nous entendre que la foi se cultive, tout comme notre attachement au Christ (je veux simplement là rendre grâce pour le parcours « Suis-moi », proposé par le diocèse. Nous sommes-nous sentis concernés ?)

               « Dieu nous a appelés à une vocation sainte, non à cause de nos propres actes, mais à cause de son projet et de sa grâce ». Telle est la conviction qui animait Daniel. Nous sommes tous appelés, différemment, car Dieu a un projet non seulement avec chacun de nous, mais avec l’humanité, projet que l’Eglise est appelée à traduire, à incarner dans la diversité de ses membres. Et Daniel avait bien conscience qu’en répondant à un appel au sein de l’Eglise, Dieu l’appelait à se consacrer au service de tous ses frères les hommes, et pas de quelques-uns.

               Il n’y a aucun mérite à être appelé à quelque service ou ministère, il nous faut surtout accueillir la grâce du Seigneur et à en vivre. Lorsque nous avons vécu le sacrement des malades, Daniel m’a redit ce qu’il nous avait déjà partagé lors de la démarche synodale : «  Je n’ai jamais rien demandé, j’ai toujours été appelé et j’ai toujours été heureux de ce qu’il m’a été donné de vivre ». Nous rejoignons l’action de grâce de saint Paul, tout comme les actions de grâce que j’ai pu lire dans différents messages. Laissons monter en nous l’action de grâce pour ce Dieu qui nous aime et nous donne sa vie, qui nous aime et nous appelle à sa vie.

               Nous sommes tous appelés. Nous avons hésité à prendre en chant d’entrée : « Si le Père vous appelle ». Daniel aurait dit « non », PUISQUE le Père nous appelle, tant était forte sa conviction de la vocation de chacun pour que grandisse le Royaume de Dieu. Quant aux vocations plus spécifiques, il estimait que les Eglises locales avaient les ministres dont elles avaient besoin, et si les fidèles pensaient le contraire, il les invitait à ne pas cesser d’intercéder pour que le maître de la moisson envoie des ouvriers à sa moisson. Cet aspect missionnaire, nous le retrouvions dans sa devise épiscopale : « Allez, il vous précède en Galilée. »

               « J’invite les fidèles catholiques à ne pas se diviser pour que le monde croie », écrit encore Daniel dans son testament spirituel. La prière de Jésus-Christ, que nous avons entendue dans l’Evangile, a nourri la foi et la vie ecclésiale de Daniel. Comme prêtre, comme évêque, il a voulu servir cette unité, sans renier la vérité et en rappelant sans cesse qu’il n’y a pas d’unité si nous laissons de côté les plus pauvres. Cette unité, le Christ la désire pour que ce don de la vie divine qu’il nous fait transparaisse dans notre vivre ensemble. « Qu’ils soient UN comme nous sommes UN, moi en eux et toi en moi. » Notre unité témoigne de Celui qui nous rassemble, nous fait vivre, nous envoie et nous donne déjà d’être en Dieu, et elle est signe prophétique au cœur de ce monde que le Père veut rassembler en lui. Cette unité, chacun doit la faire grandir, car elle nous est d’abord donnée, dans le Christ, par lui et avec lui.

               Cette unité est le fruit de la liberté et de la paix que le Seigneur donne. Cette liberté et cette paix, Daniel les a ressenties toute sa vie, elles ont été ses compagnes de route et il les souhaitait pour tout chrétien. Dans son attachement à l’Eglise, c’est en homme libre que Daniel a marché, refusant tout ce qui conditionne et opprime l’homme.

               « Jésus a détruit la mort et il a fait resplendir le vie et l’immortalité par l’annonce de l’Evangile ». Voilà bien le cœur de notre foi, cette espérance que l’amour qui a été jusqu’au don total a vaincu la mort, et que la vie nous est sans cesse donnée en Dieu, aujourd’hui comme dans son éternité. « J’implore la miséricorde de Dieu pour qu’il me donne de contempler son visage » (Testament spirituel). Evoquer la miséricorde, c’est penser que Dieu, comme pour la vocation, nous appelle à sa vie, non pas à cause de nos actes ou de nos mérites, mais à cause de son projet à lui, qu’il a révélé sur la Croix : sauver toute l’humanité.

               Nous te laissons partir, Daniel, contempler le visage de Dieu, celui auquel tu as répondu, celui pour lequel tu as offert ta vie, celui pour lequel tu as vécu une fidélité d’engagement et de prière, celui vers qui tu élevais ton âme, celui qui sait accueillir, au-delà des hauts et des bas, la droiture et la beauté d’une vie, celui en qui tu as cru : « Je sais en qui j’ai cru. »

               Que la contemplation de Dieu ne t’empêche pas de continuer à soutenir l’Eglise dans sa marche vers l’unité.

               Tu n’avais pas demandé à partir, et Dieu t’appelle encore une fois… Sois heureux !

                                                                                                       Père Pascal BARDET.

Biographie de Mgr Labille