Homélie pour la fête du Baptême du Seigneur à l’occasion de l’installation de l’Espace missionnaire Ardennes-Nord, dimanche 12 janvier 2020 - L'Eglise Catholique à Reims et dans les Ardennes

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Homélie pour la fête du Baptême du Seigneur à l’occasion de l’installation de l’Espace missionnaire Ardennes-Nord, dimanche 12 janvier 2020

Nous avons été institués en un nouvel espace missionnaire par le rite de l’aspersion au début de cette célébration. C’est une manière de redire Oui à notre baptême. Un baptême que, dans un premier temps, Jésus est venu qualifier avant de l’élever.

Au début, il n’y avait que le baptême de Jean, un rite de conversion que seuls les juifs venaient vivre.

Avec Jésus, le baptême va prendre une autre dimension, celui du salut. Un salut désormais proposés à toutes les nations. La rencontre entre Pierre et le centurion de l’armée romaine à laquelle nous avons assisté dans le seconde lecture l’atteste amplement.

Entre Jean-Baptiste et Jésus, nous sommes donc passés d’une conversion particulière à un salut universel. Si Jésus a accepté de se faire baptiser par Jean le Baptiste, c’est pour qualifier toutes les étapes de la vie humaine avant de proposer son propre chemin.

  • Ainsi, le Fils de Dieu a choisi de s’incarner et de vivre l’aventure humaine à la fois la plus basique et la plus profonde.
  • Il a ensuite accepté de se laisser racheté par deux petite colombes comme tous les premiers-nés juifs de son temps, signe de l’offrande des parents pour leur premier enfant.
  • Aujourd’hui, il se soumet au rite que Jean, son cousin, a inventé. Non qu’il ait besoin de conversion mais bien pour qualifier le chemin de conversion.

Les étapes de la vie humaine sont qualifiées par Jésus. Mais il ne s’en contente pas puisqu’il va les élever en leur donnant une ampleur jusque-là jamais atteinte et désormais indépassable : Jésus va proposer en sa propre vie un salut universel. Ce salut, il va l’acquérir par son offrande sur la croix pour chacun d’entre nous et en plaidant pour obtenir le pardon de son Père pour tous.

Être baptisé, être plongé – puisque c’est cela le sens exact du verbe baptiser – ce n’est pas simplement vivre un rite d’agrégation à un peuple et à une religion. Si ce n’était que cela, ce serait un rite social. C’est cela, bien sûr, puisque c’est par le baptême que l’on entre dans l’Eglise. Mais c’est aussi beaucoup plus. Il s’agit d’entrer dans une dynamique de vie et de foi.

Être baptisé, c’est croire que Jésus nous sauve ; c’est croire que la façon dont il nous a sauvés par une vie de prière, de jeûne et de partage sous a mouvance de l’Esprit et dans l’obéissance à son Père est une vie qui nous est accessible aussi ; c’est croire enfin que nous pouvons l’annoncer par notre vie et baptiser à notre tour tous ceux qui le demanderont au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit.

Je voudrais conclure cette première partie de mon homélie en rappelant que si le baptême fait de chacun de nous des chrétiens à part entière, notre baptême prend toutes ses dimensions lorsque nous avons reçu les sacrements de la confirmation et de l’eucharistie. Ensemble, ils forment ce qu’on appelle les sacrements de l’initiation. Ils vont ensemble et sont complémentaires. J’aime à prendre l’image de l’Eglise comme un bateau à voile où Jésus est notre capitaine et où nous sommes son équipage.

Par le baptême, nous avons été intégré à l’équipage avec la voile de notre baptême. Le jour de la confirmation nous déployons la voile de notre baptême pour que le vent de l’Esprit, le souffle de Dieu s’y engouffre et aide l’Eglise à mieux naviguer sur les eaux de ce monde. Mais nous avons besoin de l’eucharistie pour maintenir haute notre voile, et ferme la barre de l’Eglise et garder notre Cap.

N’oubliez jamais que votre espace a été fondé le jour du Baptême du Seigneur. Que ce jour vous aide à vivre de votre baptême en profondeur et à appeler d’autres à bénéficier de cette grâce.

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Chers amis, Cette méditation sur le baptême du Seigneur introduit ce moment qu’il nous faut vivre maintenant : l’installation de l’Equipe Pastorale de l’Espace Missionnaire Ardennes-Nord. Puissiez-vous mettre toute votre foi et toute votre intelligence au service du mystère de notre vie que nous venons encore de contempler ce matin.

Il est bon de rappeler ce qui a présidé au bouleversement pastoral que nous allons vivre dans le diocèse de Reims.

Avec le temps, nous avons peut-être oublié que la raison d’être de l’Eglise est la mission. Les stages pratiques que les apôtres ont dû accomplir à la demande de Jésus sont d’abord des stages missionnaires : annoncer le Règne de Dieu et guérir les malades. Avec le temps, mais aussi avec la diminution des vocations de prêtres et de religieux, nous nous sommes concentrés sur la gestion et l’organisation de la vie chrétienne. Cela était nécessaire. Mais ce faisant, nous avons oublié que lors de l’ordination des prêtres, l’évêque leur dit qu’ils sont d’abord ordonnés pour :

  1. Annoncer la Parole de Dieu,
  2. Sanctifier le Peuple de Dieu
  3. Construire et guider l’Eglise

Depuis près de 500 ans, nous pensons que l’évangélisation de notre pays est accomplie et qu’il suffit de l’accompagner par la meilleure des organisations. En réalité, l’évangélisation est à refaire à chaque génération, pour chaque homme et chaque femme, pour chaque enfant qui vient au monde. Depuis près de 500 ans, ce sont les prêtres et parmi eux les curés qui donnaient le ton de la vie des chrétiens.

Eh bien ! aujourd’hui, ce n’est plus possible ! Il nous faut tous redevenir missionnaires et il faut redonner du temps missionnaire à nos prêtres de telle sorte, qu’avec eux, tous vous retrouviez la joie de l’évangélisation et vos propres racines chrétiennes. Votre joie ne viendra pas du nombre de convertis que vous ferez et votre tristesse ne dépendra pas du peu de succès de vos missions. Jésus nous rappelle que notre joie vient du fait que nos noms sont inscrits dans le ciel. Vous connaîtrez des réussites et des échecs. Les premières vous encourageront, les autres vous ferons goûter parfois de l’amertume. Mais n’oubliez jamais d’où vient votre joie !

Pour parvenir à donner du temps à la mission lorsque l’on est déjà saturé par les activités ordinaires de la vie chrétienne, il n’y a qu’une seule méthode : il faut commencer par la mission. Le reste viendra comme il pourra. Mais si nous ne le faisons pas, le dernier qui sortira de l’Eglise, éteindra la lumière, fermera la porte à clef et ce sera fini.

Voilà pourquoi, nous avons créé 11 espaces missionnaires dont celui d’Ardennes-Nord. La priorité des priorités sera d’y organiser des missions, d’aller à la rencontre des gens, de leur annoncer la proximité du Règne de Dieu et de prier pour la guérison des malades. Avec l’archevêque et l’équipe diocésaine missionnaire, nous l’avons fait avec des moyens très simples. C’est vraiment possible.

Evidemment, il est toujours nécessaire de nourrir la foi des chrétiens, tout spécialement à la source de l’eucharistie. C’est pourquoi, par espace missionnaire est institué un lieu eucharistique unique dans lequel, chaque dimanche de l’année et à la même heure, on pourra non seulement y célébrer l’eucharistie mais y trouver avant des temps de rencontre, de catéchèse, de formation et tout ce que vous pourrez inventer avec la grâce de Dieu. Et après, d’autres choses comme un temps convivial et fraternel. Son animation ne dépend pas des seuls chrétiens de l’ancienne paroisse sur lequel il se trouve. Son animation relève de la participation de l’ensemble des membres de l’espace missionnaire.

Rien n’interdit qu’avec les forces vives qui sont sur votre espace il y ait d’autres messes en d’autres lieux, même le dimanche. Mais un seul lieu porte le nom de « lieu eucharistique » et c’est lui qui doit avoir la priorité de vos énergies. Avec l’archevêque, nous comprenons très bien les difficultés de déplacement et d’organisation. Et nous savons que c’est un bouleversement important que nous vous demandons. Mais la certitude est que si nous ne faisons rien, vos prêtres mourront d’épuisement. Ils ne sont que 27 de moins de 70 ans pour l’ensemble du diocèse de Reims.

C’est à ce point que si vous en voyez deux le dimanche sur le lieu eucharistique, il ne faudra pas considérer cela comme un scandale. Il pourra bien y avoir tel ou tel jour plusieurs formations, plusieurs modes d’accueil, … L’un ou l’autre pourra ou devra parfois aller se former, prêcher une retraite un WE pour des couples, voire, légitimement, prendre un peu de repos comme vous le faîtes vous-mêmes.

Il me reste enfin à évoquer les fraternités de proximité que nous appelons de nos vœux. L’Eglise ne se résume pas à ses prêtres. Vous êtes tous ici, la présence de l’Eglise partout où vous vivez, dans vos villages et dans vos quartiers. Beaucoup ont déjà l’habitude de se rassembler pour un groupe de partage biblique, pour prier le rosaire ou pour assurer des services auprès des plus pauvres d’entre nous. Il s’agit de développer ce signe concret de la vie chrétienne pour vous-mêmes d’abord et pour ceux qui nous regardent ensuite. Si l’on peut dire de nous : « voyez comme ils s’aiment, voyez comme ils prient, voyez comme ils servent », alors ce sera gagné. Ce que vous perdez en termes de messe, il faut le retrouver d’une autre manière en termes de fraternité de proximité comme l’extension eucharistique de ce qui aura été vécu ici même. Une charte pour aider à la création de ces fraternités est rédigée.

Voilà mes amis. Je ne détaille pas tout le reste pour ne pas surcharger notre célébration. La transition sera longue et sans doute compliquée. C’est normal mais ça ne veut pas dire que l’on se trompe.

Je vous remercie infiniment, prêtres, diacre, religieuses et laïcs engagés de votre confiance et de votre courage pour accueillir ce projet diocésain. Je suis persuadé que si nous le mettons en œuvre, à notre rythme et avec les moyens qui sont les nôtres, d’autres nous rejoindront et des jeunes se diront : « Si c’est cela la vie chrétienne, si c’est cela être prêtre, alors pourquoi pas moi » !


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