Homélie du dimanche 22 mars 2020 - L'Eglise Catholique à Reims et dans les Ardennes

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Publié le 23 mars 2020

Homélie du dimanche 22 mars 2020

Prière pénitentielle

Pour les fois où nous avons pris le prétexte du confinement pour avoir céder à la tentation du repli sur nous-mêmes et ne pas nous intéresser à nos voisins, Seigneur prends pitié.

Pour nos imprudences dans les règles de sécurité qui nous protègent et protègent ceux que nous croisons, O Christ, prends pitié.

Pour avoir oublié que l’Esprit Saint pouvait rendre notre charité inventive, Seigneur Prends pitié.

Homélie

Au moment où nous nous approchons chaque jour un peu plus de la fête de Pâques, les questions les plus radicales nous sont posées à travers l’Evangile. Celui de l’aveugle-né que nous venons d’entendre n’échappe pas à la règle. Ici nous est posée d’une part la question du mal et de son origine et d’autre part la question de l’identité de Celui qui peut nous aider à affronter les limites de notre humanité, Jésus. Entre les deux questions se joue une tension redoutable que l’on appelle le combat spirituel.

A la vue de l’aveugle-né, les disciples de Jésus l’interroge sur l’origine de son handicap. Et selon la tradition de leur époque, le mal ne peut venir que du péché de cet homme ou de ses parents. Autrement dit, il y a un responsable de son malheur. Honnêtement, qui ne s’est jamais posé cette question pour lui-même lorsqu’il est affronté à une grave maladie ou à une succession d’épreuves. « Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour mériter cela ? » Comme si Dieu voulait nous punir de nos mauvaises actions tel un père fouettard. Or nous le savons bien, Dieu n’a qu’un désir, celui de nous sauver en offrant sa vie pour nous et en nous proposant son pardon. Le mal que nous avons pu faire nous fait souvent plus de mal à nous-mêmes que nous le pensons. Nous ne voulons pas toujours le voir.

Mais il est des souffrances qui ne relèvent aucunement de la responsabilité des hommes. Les tremblements de terre et les virus font partie de ceux-là. Notre responsabilité se porte sur la façon de gérer les événements et d’accompagner les personnes qui en sont les victimes. Nous pourrions accuser Dieu de nous avoir mis sur cette terre comme dans un piège pour nous faire souffrir. Il n’en est rien. En revanche, nous croyons que non seulement Dieu n’a pas cette intention, mais il a jugé que ce monde qu’il a créé était un monde aussi pour Lui. Il a choisi d’y vivre lui-même, sans tricher, sans faire appel à des « super pouvoirs » pour changer les pierres en pain, sauter d’une tour sans se faire mal ou encore descendre de la croix pour obliger les hommes à croire en Lui. Rien de tout cela. Jésus, le Fils de Dieu, est venu nous révéler que nos pauvretés, et même les épidémies comme nous en connaissons une aujourd’hui, ne sont pas des motifs suffisants pour tomber dans le péché ou le désespoir. Pour le dire autrement, il est venu qualifier notre humanité en s’appliquant à lui-même les limites et le contexte de vie qu’il nous a lui-même assignés.

Simultanément, à cette question du mal commis, notre péché, et du mal subit lié à notre état de créature limitée, l’Evangile nous présente une évolution de la foi de l’aveugle-né. Et c’est bien pour cela qu’il fait partie des grands évangiles que l’on lit à ceux qui se préparent au baptême. Il suffit pour cela de voir l’évolution des noms qu’il donne à Jésus tout au long de cette rencontre :

  • L’homme qu’on appelle Jésus…
  • C’est un prophète…
  • Dieu n’exauce pas les pécheurs… mais il exauce ceux qui l’honore et font sa volonté…
  • « Je crois Seigneur ! ». Et il se prosterna devant lui.

En face de cet aveugle, nous avons deux groupes de personnes qui prennent position par rapport à Jésus. Les pharisiens qui sont enfermés dans leurs certitudes, en particulier celle qui consiste à croire que tout « travail », toute « guérison » le jour du Sabbat est forcément un péché. Ils ne peuvent pas voir l’action de Dieu par-delà l’infraction à la loi du Sabbat. Il y a aussi les parents de l’aveugle-né qui n’osent pas rentrer en conflit avec les pharisiens. S’ils confirment bien que leur fils est né aveugle, ils ne prennent pas position sur le mode de guérison.

Dans notre entourage et peut-être en nous-mêmes, nous sommes parfois traversés par des certitudes dans lesquelles nous enfermons Dieu lui-même ou par des doutes et des peurs qui nous empêchent de nous décider pour Jésus. L’Evangile nous rappelle que ces attitudes existent depuis toujours. Aujourd’hui encore, il faut nous décider pour Jésus. Qui est-il vraiment pour moi ?

Il peut être utile de regarder la façon dont Jésus guérit l’aveugle-né. Il crache par terre et avec de sa salive il fait de la boue qu’il applique sur les yeux de l’aveugle. Ce geste nous rappelle la façon dont Dieu a créé l’homme à partir de la terre en le modelant à son image et en lui insufflant un souffle de vie. Saint Irénée a eu cette belle expression : « en ajoutant de la terre sur ses yeux, il acheva sa créature ». Ainsi, nous comprenons que non seulement Jésus est du côté de Dieu mais qu’il est Dieu lui-même ; il donne accès à la lumière parce qu’il est la Lumière du monde, le créateur de la lumière.

Pour conclure, demandons à Dieu la grâce de voir son action même là où nous ne l’attendons pas. Demandons la grâce de reconnaître qu’il y a des parties aveugles dans nos vies qui ont besoin d’être guérie, voire complétée par une action de Dieu en nous.

Amen.
Mgr Bruno Feillet

Prière universelle

Ref. : Seigneur, écoute-nous, Seigneur exauce-nous.

  1. Pour les malades, ceux qui sont confinés chez eux comme ceux qui sont hospitalisés, invoquons le Christ qui a touché et guéri les lépreux.
  • Pour les soignants dont le dévouement a pu mettre la santé en danger et pour leur famille dont la vie se trouve aussi perturbée, invoquons le Christ médecin des âmes et des corps.
  • Pour les personnes en EHPAD, les personnes âgées et les prisonniers qui ne peuvent recevoir la visite de leur famille, invoquons le Christ Bon Samaritain
  • Pour les chrétiens qui honorent la tradition de l’Eglise de se faire proche des plus pauvres et des plus fragiles, invoquons le Christ Serviteur.
  • Pour celles et ceux qui vont passer la mort, invoquons le Christ ressuscité.

O Christ, toi qui veux sauver tous les hommes et n’en perdre aucun, accueille nos prières, sauve-nous de nos angoisses, augmente en nous la charité et exauce toutes nos prières, toi qui règnes avec le Père et l’Esprit-Saint pour les siècles des siècles.


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