Homélie du dimanche 15 octobre 2023, pour l'installation du P. Thierry Bettler - L'Eglise Catholique à Reims et dans les Ardennes

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Publié le 18 octobre 2023

Homélie du dimanche 15 octobre 2023, pour l’installation du P. Thierry Bettler

Homélie de Mgr Etienne Vetö, le dimanche 15 octobre 2023, 28ème dimanche ordinaire, année A, pour l’installation du Père Thierry Bettler, recteur de la paroisse Cathédrale Notre-Dame Saint Jacques

La Liturgie nous propose aujourd’hui, dans l’Évangile, une parabole sur l’invitation que Dieu nous fait à participer au banquet, c’est à dire l’invitation que Dieu nous fait à être avec Lui, à passer du temps avec Lui, à être nourri par sa présence. C’est une manière de comprendre ce banquet. Il ne s’agit pas d’une obligation. Les commandements moraux, comme « ne tuez pas », « ne volez pas », sont des obligations. Ici, il s’agit d’un plus : « je vous invite à être avec moi », ou « je vous invite à ouvrir votre cœur à ma présence », c’est une bonne nouvelle, c’est une extraordinairement bonne nouvelle.

C’est le premier enseignement de cet Evangile : Dieu nous invite et il envoie les serviteurs à chacun, personnellement. Ce n’est pas une sorte d’annonce qui est faite « vous tous, venez donc ». C’est « toi, toi qui es ici, je t’invite, j’ai le désir, le souhait de passer du temps avec toi. Reste à côté de moi, nourris-toi de mon banquet ».

L’Évangile donc, commence bien, mais je ne sais pas comment vous avez réagi à la suite : il y a des passages qui sont plus difficiles à avaler. Les serviteurs, déjà, se font rejeter ou même tuer. Les invités qui ne viennent pas se font aussi tuer, c’est assez violent et puis à la fin, la personne qui n’a pas le vêtement de noces se fait jeter dehors. Alors ici, une petite précision sur comment on lit une parabole : une parabole n’est pas une allégorie. Une allégorie, c’est quelque chose où, pas à pas, l’histoire, chacun des éléments de l’histoire dit ce qu’est Dieu. Une parabole, c’est différent. C’est une histoire qui se passe de manière humaine, qui de ce fait, humainement est possible. Qu’un roi, dont les invitations se voient refusées, surtout à l’époque, puisse entrer dans une terrible colère, c’est assez réaliste. Ce n’est pas cela qui dit Dieu dans la parabole. Ce qu’Il montre dans la parabole, c’est ce qui « ne marche pas », ce que ne devrait pas faire faire un roi à cette époque. Je vous donne un exemple avec une autre parabole, la parabole du semeur. J’ai eu l’occasion avant hier soir, avec les diacres, d’en parler. La parabole du semeur a un moment qui « ne marche pas ». Je ne sais pas si vous voyez ce que cela peut être. Quel semeur raisonnable jetterait 75% des semences à côté de la bonne terre ? Il y a quelque chose qui ne va pas. Et le sens profond, c’est de dire que Dieu, par contre, sans cesse, partout, essaie de nous retrouver, de nous rejoindre. Dieu n’épargnera aucun moyen et il sèmera à tout vent jusqu’à ce qu’une semence nous rejoigne. Ici, ce qui ne marche pas dans la parabole, c’est le refus des invités. Qui refuserait l’invitation d’un roi à un banquet ? La deuxième chose qui ne marche pas, c’est que le roi va chercher tous ceux qui se trouvent au carrefour et sur les chemins. Quel roi ferait cela ? Et puis la troisième chose qui est tout à fait étrange, c’est cet invité qui n’a pas le vêtement des noces. Donc je vais rapidement revenir sur ces 3 points.

Qu’est-ce que cela veut dire que les invités n’acceptent pas l’invitation ? Soit ils sont pris, ils vont à leurs champs, ils vont à leurs affaires, soit même, ils deviennent violents. C’est une image de notre difficulté à accepter l’invitation de Dieu. C’est même étonnant : comment cela se fait que nous ayons tellement de mal à accepter l’invitation de Dieu, à accepter l’invitation que Dieu nous fait de prendre du temps avec lui. Comme certains des invités peut être, nous n’avons pas le temps, nous avons trop de soucis. Comme d’autres invités, ceux qui sont violents, nous pouvons avoir peur de Dieu. Si je dis oui à Dieu, qu’est ce qu’Il va me demander de faire ? Ce qui veut dire au fond un manque de confiance en la bonté de Dieu et son désir du meilleur pour nous. Donc la première invitation de cette parabole, c’est « n’ayez pas peur ». « Ayez confiance ». Et prenez donc un peu de temps au milieu de vos soucis. Je me rappelle quand j’étais adolescent ou jeune adulte, j’avais décidé de prier une demi-heure par jour. Belle décision. Mais c’était le soir. Mauvaise décision. Parce que tous les soirs, arrivé au moment prévu, je me disais, « Ah, je suis vraiment trop fatigué. Une demi-heure de prière maintenant, elle ne sera pas bien, elle ne se passera pas bien. J’attends demain quand je serai en forme ». Et de jour en jour, je repoussais. Quelle aurait été la solution ? Simplement quelques minutes de prière, simplement tous les jours, 5 minutes de prière. Ceux qui sont matheux parmi nous, essayez de faire le calcul suivant. Même ceux qui ne sont pas matheux, vous verrez, ce ne sera pas compliqué : si vous rajoutez 5 minutes à votre temps de travail, sur une journée entière de travail, ça fait très, très peu d’ajout. Si vous ajoutez 5 minutes de prière sur votre temps de prière, c’est immense. C’est immense, donc n’hésitons pas à prendre ces 5 minutes. Je sais que le père Bettler, d’après ce qu’il m’a dit, voudrait faire de cette cathédrale une maison de prière ou encore plus une maison de prière. Alors, prions pour toutes ces personnes qui pourront passer, ne serait-ce que 5 minutes ou bien qui passeront beaucoup plus longuement pour visiter et qui s’arrêteront quelques minutes. Ce sont ces personnes-là aussi qui font de cette cathédrale une maison de prière et nous aussi, en prenant une bonne heure ou même plus aujourd’hui de célébration eucharistique. Toutes ces personnes qui s’arrêtent quelques minutes, font de la cathédrale une maison de prière, selon le souhait du père Bettler.

Le deuxième aspect étrange de cette parabole, c’est que le roi envoie ses serviteurs chercher presque n’importe qui, pratiquement n’importe qui. Qu’est-ce que cela veut dire ? Que Dieu n’est pas comme nous. Dieu n’invite pas uniquement ceux qui sont déjà prévus, ceux qui sont déjà bien dans les chemins prévus, ceux avec qui nous voudrions faire le banquet. Dieu invite tous. La vraie difficulté, ce n’est pas l’invitation de Dieu, c’est d’accepter cette invitation de Dieu. C’est là que ça coince. Mais Dieu invite tous. Donc si parmi nous aujourd’hui, pendant cette célébration, il y a des personnes qui sont arrivées par hasard, sachez que vous faites partie de ces personnes qui sont réellement invitées par Dieu et à qui Il envoie un serviteur pour dire « reste avec moi ». Et pour nous tous : pour le père Bettler, pour le père Maxime, pour tous ceux qui sont au service de cette cathédrale, c’est une invitation à ce que notre invitation soit la plus large possible. Ce lieu, comme Saint-Jacques, est un lieu qui s’y prête. Ce sont deux églises qui sont toujours ouvertes, deux églises où beaucoup de gens entrent, même sans avoir la foi, ou même sans chercher quelque chose de spirituel, peut être simplement pour la beauté des lieux. C’est un lieu où nous travaillons avec la municipalité, avec l’État, avec tous ceux qui s’occupent du patrimoine de cette ville. C’est un lieu de carrefour. Là aussi, que ce lieu devienne toujours plus l’endroit, et c’est une invitation pour tous ceux qui sont au service ici, un lieu, où, toujours plus, nous puissions accueillir largement et inviter largement, comme Dieu, comme le fait Dieu lui-même, Il nous précède.

Le troisième et dernier point : alors là, c’est le plus mystérieux. Cet homme qui est invité, qui entre et qui n’a pas le vêtement de noces et qui est mis à la porte. C’est d’autant plus mystérieux que, puisque probablement c’était quelqu’un qui était à un carrefour, c’est normal qu’il n’ait pas le vêtement de noces, il ne savait pas qu’il allait être invité. Alors comment comprendre cela ? Je vais vous donner une interprétation. Je pense qu’elle « marche ». Il était bien entré. Il avait bien accepté l’invitation, mais il n’avait pas revêtu la joie. Il n’avait pas revêtu la joie et vous savez, c’est quelque chose de constant dans la Bible : l’appel de la part de Dieu n’est pas simplement un appel à aller relativement bien, à tenir le coup, mais : « tressaillez de joie », sans cesse, sans cesse, « soyez dans l’action de grâce », « pour que ma joie soit en vous ». Le Cardinal Martini disait « la vie normale du chrétien, c’est d’être dans la joie ». Il ne s’agit pas simplement d’aller relativement bien et de temps en temps d’avoir des chutes et de temps en temps des moments de joie. Le chrétien, sa disposition normale, c’est la joie. Alors on peut réagir en disant mais, comment ? J’ai plein de raisons de pas être dans la joie, j’en ai vraiment beaucoup : je suis fatigué, je suis malade, mon patron ne fonctionne pas comme il devrait, les gens avec qui je travaille non plus, mes enfants ne suivent pas l’orientation que je voudrais pour eux… Mais la joie que propose Dieu, ça ne dépend pas des conditions dans lesquelles nous sommes, c’est vraiment un don de sa part, un don de l’esprit Saint. Il y a une très belle parole dans certaines paraboles qui est : « Entre dans la joie de ton maître ». Cette joie est là, nous pouvons y entrer. Cela ne veut pas dire que ça ne va pas cohabiter avec la difficulté, ça va ensemble, ça peut aller ensemble et la plupart du temps ça va ensemble, mais cela veut dire que c’est une joie qui est suffisamment forte et suffisamment donnée par Dieu pour être reçue dans toutes les conditions de notre vie et encore une fois pour le Père Thierry et le père Maxime et ceux qui se joindront à eux pour constituer l’équipe de la cathédrale et de Saint-Jacques, je leur souhaite et je pense que nous pouvons tous leur souhaiter cette joie. Au cœur des différentes difficultés qu’ils portent, qu’ils portent pour vous, pour nous, qu’ils puissent recevoir ce don qui vient de Dieu, qui est comme un vêtement de fête que Dieu propose. Nous allons prier pour tout cela dans quelques minutes pour que tous entendent l’invitation du Seigneur, pour que nous puissions avoir la même générosité que le Seigneur pour inviter largement, et que le père Thierry, le père Maxime, tous ceux qui sont au service. Nous tous. Nous puissions entrer dans la joie de notre maître, recevoir le vêtement des noces.

(texte retranscrit)                                                                            

                                                                                                                            


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