Homélie du 7 avril 2024, pour le 2ème dimanche de Pâques - L'Eglise Catholique à Reims et dans les Ardennes

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Publié le 9 avril 2024

Homélie du 7 avril 2024, pour le 2ème dimanche de Pâques

Homélie pour le 2ème dimanche de Pâques, dimanche de la miséricorde, année B, le 7 avril 2024, en l’église Saint-André de Reims, confirmation de Barnabé du Sordet, première des communions de Zénaïde, Anastasie et Théodore

« Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. » Il en fut ainsi le soir de Pâques, alors que les disciples étaient dans la chambre haute, toutes portes fermées. Il en fut ainsi encore, huit jours plus tard : « Jésus vient, et il était là au milieu d’eux. » Il en est de même aujourd’hui pour nous. A vrai dire, il en est ainsi en chaque dimanche et même en chaque Messe. Jésus vient, et il est là au milieu de nous. Nous le savons et le sentons fortement au moment de la consécration, lorsque tous nos regards et, si possible, nos cœurs, sont tournés vers lui, dans le grand acte de son offrande consentie une fois pour toutes et donnée à jamais pour nous tous et pour chacun et chacune de nous. Mais il est là, déjà, maintenant, venant à nous par la parole qu’il nous adresse, à nous tous selon le cycle liturgique mais aussi à chacune ou chacun selon la grâce propre qui est préparée pour nous en ce jour. Frères et sœurs, c’est fondamentalement cela, être chrétiens : reconnaître Jésus qui vient, être sensibles à sa présence, qui est une venue, un mouvement donc depuis la gloire jusqu’à nous qui sommes encore en chemin. Nous pouvons avoir peur, nous pouvons chercher à nous protéger du monde extérieur, de ceux et celles qui ne savent pas et ne veulent pas savoir. Mais, lui, Jésus, vient à nous et nous donne ce qu’il veut nous donner. Dans sa mort, il a surmonté toute peur et peut rejoindre qui veut bien se laisser toucher, qui veut bien le laisser approcher, qui consent à recevoir ce qu’il veut donner : « La paix soit avec vous ! » Saint Jean l’évangéliste ne nous donne pas de détail, il ne nous décrit comment Jésus vient. Il dit le fait : il vient et il est là. C’est notre joie, ce fut celle des disciples ce soir-là et huit jours plus tard.

Ce matin, il vient tout spécialement vers Barnabé qui va être confirmé. Devant nous, au milieu de nous, le Seigneur, venant à lui, va souffler sur lui comme au premier soir de Pâques. Il vient aussi pour Zénaïde, une des sœurs de Barnabé, pour Anastasie, dont le nom signifie « résurrection » et pour Théodore, le « don de Dieu ». Tous trois vont communier pour la première fois à son corps livré et partagé. Il va leur tendre le pain du sacrement qui est son corps livré pour nous. Mais le signe principal qui nous est donné à voir, à contempler, ce ne sera pas Thomas confessant « son Seigneur et son Dieu », mais Barnabé. Beaucoup parmi vous le connaissent. Ils l’ont tout au moins repéré. Devant nous, au milieu de nous, le Seigneur ressuscité vient à Barnabé et, par mes gestes et mes paroles, il va souffler sur lui en disant : « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. Recevez l’Esprit-Saint. » Il souffle : il donne ce qui vient du plus profond, du plus intime de lui-même, et ce n’est pas seulement un déplacement d’air, mais c’est la personne même de l’Esprit-Saint, celui qui est le don éternel du Père et du Fils en leur communion consubstantielle, qui sort de Jésus, mort pour nos péchés et ressuscité pour notre vie, qui rejoint et prend en son mouvement désormais Barnabé lui-même. Nous le savons : ce qui nous est donné au baptême se trouve redoublé, confirmé, rendu plus solide et plus ferme, par l’onction, le don de l’Esprit-Saint venant habiter notre intelligence, notre volonté, notre mémoire pour nous rendre capables de connaître le mystère de Dieu, de le dire, de choisir de le servir, pour renforcer et guérir et prolonger nos facultés avec les sept dons de l’Esprit-Saint, afin que la foi, l’espérance et la charité puissent être, autant que nous le voudrons bien, la forme ordinaire de nos actes. Il vient, pour reprendre les mots de saint Jean, nous rendre « vainqueurs du monde. » Car vaincre le monde n’est pas le dominer, l’accaparer, l’exploiter. Au sens de saint Jean, vaincre le monde, c’est croire que l’œuvre de Dieu y est plus forte que les fatalités de la mort, du manque, de la haine. C’est sortir de la peur de manquer, de la méfiance et de l’envie les uns à l’égard des autres, et être rendus capables de vivre en visant la communion avec Dieu et en Dieu.

Certains parmi nous seront peut-être sceptiques. Ils seront incrédules comme Thomas, à qui Jésus ne reproche pas de ne pas céder à la crédulité mais de ne pas accéder à la foi, c’est-à-dire à l’intelligence de l’œuvre de Dieu pourtant annoncée, préparée, envisagée, dans toute l’histoire d’Israël et donc dans toutes les Écritures saintes. Pourtant, Barnabé est au milieu de nous le signe vivant que notre humanité ne se définit pas seulement ni même d’abord par ce que nous produisons, par ce que nous construisons, par ce que nous émettons, mais parce que nous sommes tout simplement et par ce que nous sommes capables de recevoir, et qui peut le mesurer ? Quels fruits l’Esprit-Saint portera-t-il en Barnabé ? Nous ne le savons pas. Mais le savons-nous davantage en nos vies, à nous, si actifs, si généreux, si donnés, si fervents soyons-nous ? Les fruits qui comptent sont un don de Dieu. Ils viennent de ce qu’il y a en nous d’amour pour le Père et le Fils et de ce qui, venant de nous, prolonge vers les autres l’amour de la Trinité sainte pour eux. Ils viennent d’une naissance nouvelle, dont nous ne sommes pas maîtres mais qu’il nous faut désirer et demander.

En Barnabé, un signe nous est donné. Dans son impuissance à agir, il porte la promesse d’une beauté et d’une fécondité qui ne peuvent s’exprimer tout à fait ici-bas. Dans sa capacité à recevoir, il nous assure que tous, nous pouvons donner plus et mieux que nous ne pensons. N’oublions pas que les signes nous sont donnés afin que nous croyions et pour qu’en croyant, nous ayons la vie. Car vivre, c’est aimer, et aimer, c’est se laisser entraîner par Jésus, le Ressuscité qui vient à nous, plein de paix et de bénédictions, par-delà toutes les apparences contraires du monde,

                                                                                                                Amen.


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