Homélie du 18 août 2024, pour le 20ème dimanche du Temps ordinaire - L'Eglise Catholique à Reims et dans les Ardennes

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Publié le 26 août 2024

Homélie du 18 août 2024, pour le 20ème dimanche du Temps ordinaire

Homélie pour le 20ème dimanche du Temps ordinaire, année B, le 18 août 2024, en la basilique Saint-Pie-X de Lourdes, messe internationale

« Tirez parti du temps présent, car nous traversons des jours mauvais ». Nous avons entendu, frères et sœurs, ensemble, à l’instant, cette étonnante exhortation de l’Apôtre saint Paul. Parce que nous traversons des jours mauvais, des jours d’inquiétude, des jours d’incertitudes, des jours de combats qu’il nous semble ne pas pouvoir gagner, allons-nous être pleins de colères, pleins de ressentiment, allons-nous nous plaindre, allons-nous réclamer, ou bien allons-nous nous résigner, nous écrouler, renoncer à ce qui nous tient à cœur, à ce que nous savons être le plus important ? Allons-nous nous engager sur la voie de la violence, laisser l’amertume occuper nos esprits ? Mais non ! « Tirez parti du temps présent ».

Quelle que soit la situation, il est possible, il nous est donné, d’en tirer parti. Il faut pour cela « ne pas vivre comme des insensés, mais comme des sages ». Or, que dit la Sagesse ? Sa voix est venue jusqu’à nous : elle appelle, nous dit le vieux livre des Proverbes : « Venez, mangez de mon pain, buvez le vin que j’ai préparé. Quittez l’étourderie et vous vivrez, prenez le chemin de l’intelligence. » Nous entendons cette invitation en chaque Eucharistie, chaque fois que la sonnerie des cloches nous appelle à la Messe. Car la maison de la Sagesse, la maison aux sept piliers, solidement bâtie, la maison que les insensés et les sots ne peuvent pas voir ou devant laquelle ils passent en haussant les épaules, est l’Église en tant que communion organisée, structurée, de ceux et celles qui croient. Mieux encore, nous tous, pèlerins de Lourdes en cette année 2024, nous entendons l’appel de la Sagesse relayé par l’invitation de Marie, la mère de Dieu et notre Mère : « Que l’on bâtisse une chapelle et que l’on vienne ici en procession. » Nous sommes venus dans la procession des voitures de nos trains ou dans celle des bus de nos diocèses ; nous avons participé ou nous participerons aux diverses processions organisées ici chaque semaine. « Les temps sont mauvais », sans doute, mais nous pouvons en tirer parti, sans fléchir, sans faiblir, parce que du pain, pas n’importe quel pain, le pain de la sagesse ; du vin, pas n’importe quel vin, le vin intelligent, qui rend intelligent, nous sont donnés, ici comme ailleurs, mais ici avec une facilité et une abondance particulières, à la voix de celle qui a su dire : « Ils n’ont plus de vin » mais aussi : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le ».

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Dans la maison de la Sagesse, nous pouvons écouter avec attention la parole que nous adresse Celui qui est la Sagesse incarnée, la Parole de Dieu faite chair. C’est une parole étonnante, qui peut dérouter ceux et celles qui sont sages en ce monde parce qu’elle nous fait entendre la sagesse d’un autre ordre, la sur-sagesse qui est celle de Dieu, notre Créateur. Il ose dire : « Le pain que je donnerai, c’est ma chair donnée pour la vie du monde », et cela provoque une réaction qui peut être la nôtre : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? ». Mais il nous faut écouter davantage, accepter de supporter un peu encore ce qu’il veut nous dire : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi et moi, je demeure en lui ».

Réfléchissons un peu, puisqu’il s’agit de « prendre le chemin de l’intelligence » et non celui des étourdis qui passent à côté des nourritures substantielles de la Sagesse en les négligeant. Lorsque nous mangeons du pain, lorsque nous buvons de l’eau ou du vin, notre organisme les décompose progressivement en éléments dont il a besoin et il se les assimile. Ici, le pain qui descend du ciel, la chair que Jésus donne à manger, le sang qu’il offre à boire, il ne s’agit pas de les assimiler, de les faire devenir une partie de nous-mêmes ; ce pain-là, ce vin-là, nous font demeurer en Jésus si nous les recevons et ils font demeurer Jésus en nous. Il n’est pas question d’assimilation, de réduction à nous-mêmes ; il s’agit d’hospitalité, d’accueil réciproque : que nous demeurions en lui et que, lui, demeure en nous.

C’est que, frères et sœurs, le grand don de Dieu, que vient nourrir le « pain vivant qui descend du ciel », est notre capacité à nous rencontrer les uns les autres comme Dieu veut nous rencontrer, chacune et chacun, comme Dieu, en lui-même, est rencontre éternelle. Vivre n’est pas seulement survivre ; être vivant n’est pas seulement passer d’un jour à l’autre en trouvant les aliments nécessaires à refaire ses forces. Vivre est se donner et partager et donc, recevoir et accueillir. Vivre est rencontrer, non pour absorber, non pour dominer, non pour assimiler en réduisant autrui à soi-même, mais rencontrer chacune et chacun dans ce qu’il ou elle a d’unique, d’irremplaçable, et accueillir chacune et chacun en soi et être accueilli en tous. « Le pain vivant qui descend du ciel » vient nourrir en nous cette capacité, il vient même l’ouvrir en nous et c’est pourquoi il peut dire : « Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. »

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Frères et sœurs, recueillons donc précieusement le pain qui nous est donné aujourd’hui, en ce 20ème dimanche du Temps ordinaire. Alors qu’il affirme que « les temps sont mauvais », saint Paul exhorte les Éphésiens : « Soyez remplis de l’Esprit-Saint. Dites entre vous des psaumes, des hymnes et des chants inspirés, chantez le Seigneur et célébrez-le de tout votre cœur » et il ajoute : « À tout moment et pour toutes chose, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, rendez grâce à Dieu le Père. » Entendons aussi le psalmiste s’adresser à nous et entendons en lui la voix de notre Dame : « Venez mes fils, -c’est la voix de la mère-, écoutez-moi, que je vous enseigne la crainte du Seigneur. » Et que dit-elle ? « Garde ta langue du mal et tes lèvres des paroles perfides. »

Ne soyons donc pas des hommes et des femmes de la colère, du ressentiment, qui font circuler partout les mauvaises nouvelles, qui se complaisent à se plaindre, qui méprisent les autres et voient surtout le mal. Soyons plutôt de ceux et celles qui reçoivent le « pain venu du ciel » et qui, chaque jour, s’efforcent d’entrer dans son action de grâce vers le Père, de ceux et celles qui se nourrissent, avec sagesse, avec intelligence, avec persévérance, de Celui qui nous donne sa chair. Soyons de ceux et celles qui vivent toute rencontre comme une possibilité de se préparer à la rencontre éternelle et qui, dans chaque Eucharistie, anticipent la communion éternelle.

Alors, frères et sœurs, poursuivons notre Eucharistie. Laissons-nous entraîner par l’action de grâce du Seigneur. Disposons-nous pour le pain vivant qui descend du ciel. Nourrissons-nous de Celui qui nous accueille en lui. Nous serons venus ici en procession à l’invitation de Marie, la Belle Dame de Massabielle, et nous rentrerons chez nous plus sages, plus intelligents, moins étourdis, capables, en ces temps qui sont mauvais, d’entendre l’appel de la Sagesse divine et d’y répondre avec tout notre être, jusqu’à l’intime de notre chair, comme Marie de sa naissance à l’Annonciation, de l’Annonciation à son Assomption,                                                  

          Amen.  


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