Homélie du 16 juin 2024, pour le 11ème dimanche du Temps ordinaire - L'Eglise Catholique à Reims et dans les Ardennes

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Publié le 17 juin 2024

Homélie du 16 juin 2024, pour le 11ème dimanche du Temps ordinaire

Homélie pour le 11ème dimanche du Temps ordinaire, année B, le 16 juin 2024, en l’église Saint-Nicolas de Rocroi, confirmations des lycéens

Chers amis, vous qui allez être confirmés, la liturgie de la Parole de ce dimanche, vous offre une belle image de l’être humain en sa croissance : celle du palmier planté près d’un ruisseau qui s’élève vers le ciel et porte du fruit. La troisième strophe nous appelle à la confiance en la vie, en l’existence : « Vieillissant, il fructifie encore. » Nous sommes, nous humains, devant Dieu et pour lui, comme des arbres, enracinés non seulement dans la terre mais aussi dans le Dieu vivant et appelés à grandir vers Dieu, pour porter du fruit pour la gloire de Dieu et le bien de ceux et celles qui nous entourent. En ce jour de votre confirmation, cette image de l’arbre peut vous aider dans votre croissance, à vous jeunes. De la liturgie de la Parole, je voudrais tirer trois éléments que je voudrais souligner : vous faites l’objet d’un choix, vous avez une responsabilité, vous recevez un double cadeau.

Vous faites l’objet d’un choix tout d’abord. Nous l’entendons dans la première lecture. Le prophète Ézékiel nous offre l’image d’une tige prise au sommet du grand cèdre par Dieu et plantée sur la ‘haute montagne d’Israël » et il annonce que, de cette tige ainsi transplantée, un grand arbre naîtra, qui sera un abri pour des oiseaux de toutes sortes. Cette tige, ce fut Abraham, choisi par Dieu au milieu de tous les humains pour être le partenaire de son alliance ; ce fut le peuple entier d’Israël, en particulier sous la conduite de Moïse et de Josué ; ce fut le roi David ; ce fut, surtout et plus que tout autre, Jésus, le Messie d’Israël et notre Seigneur, l’Élu, le Fils bien-aimé du Père ; et c’est enfin chacun de vous, ce matin, chacune et chacun de celles et de ceux que Dieu choisit pour être ses fils et ses filles en ce monde. Nous le sommes, tous et chacun, frères et sœurs, vous rassemblés autour de ces jeunes. En eux, nous voyons aujourd’hui que nous avons été choisis par Dieu, plantés sur la haute montagne qu’est Jésus, et cela non pour notre gloriole, non pour nos avantages, mais pour que nous recevions une mission : être nous aussi des arbres protecteurs pour les autres. Si ces jeunes sont là aujourd’hui, pour demander à être confirmés par le don redoublé de l’Esprit-Saint, c’est bien sûr à cause de leurs qualités propres, c’est bien sûr grâce à l’appui de leurs familles et de leurs amis ; mais c’est avant tout parce que Dieu les a choisis, au milieu de leur génération et compte sur eux pour devenir de grands arbres bienfaisants. L’Esprit-Saint vous est donné en ce jour pour que vous puissiez vivre de cette élection, de ce choix que Dieu fait de vous.

Vous avez une responsabilité. Vous recevez aujourd’hui une responsabilité redoublée. Saint Paul l’évoque dans sa deuxième lettre aux Corinthiens. Surtout, vous êtes nombreux à l’avoir évoquée dans vos lettres et cela m’a impressionné. Vous êtes conscients du sérieux  de notre existence, et vous n’en êtes pas moins joyeux et tendus vers l’avenir. Vous êtes plusieurs à écrire que vous apprenez de vos échecs et que la vie nous permet d’avancer vers le meilleur. Saint Paul exprime cela, lorsqu’il nous appelle à « garder confiance » tout « en demeurant dans ce corps ». Nous ne sommes jamais sûrs de la qualité de nos actes, mais il nous faut agir cependant en cherchant le plus possible à faire le bien, pas seulement le bien pour nous, pas seulement le bien qui nous fera être bien vus ou être « populaires », mais le vrai bien, le bien qui vaut devant Dieu et qui sert à son œuvre de paix, de consolation, de rassemblement, de justice, de vérité, de réconciliation. Parfois, il convient de refuser tel geste, tel acte, de s’en détourner, car il nous mènerait sur une pente dangereuse. Tout ce que notre corps peut faire ou nous faire faire n’est pas bon à vivre. Mais ces renoncements sont toujours pour une croissance plus belle.

Un jour, nous dit saint Paul, tout « apparaitra à découvert devant le tribunal du Christ ». Il ne nous dit pas cela pour nous effrayer mais plutôt pour nous encourager et nous réjouir. Car, devant le Christ Seigneur, il suffit de se reconnaître pécheur pour recevoir le pardon, et devant lui aussi, enfin nous saurons si nous avons vraiment mis de l’amour dans nos actes. Nous découvrirons sans doute qu’en certains, dont nous sommes un peu trop fiers nous avons mis un peu trop de recherche de nous-mêmes et que, dans tels autres, nous avons mis plus d’amour, plus de renoncement à nous-mêmes en faveur d’autrui que nous ne l’espérions. Notre responsabilité d’humains et de chrétiens ne doit pas nous accabler. Elle est notre gloire et notre joie au contraire. Si modestes soient nos vies aux yeux du monde, elles contribuent visiblement ou invisiblement à l’œuvre de Dieu. Dans notre corps, nous agissons, nous nous laissons connaitre, nous aimons en actes et en vérité et nous recevons l’amour, la générosité, la confiance, les encouragements des autres. L’Esprit-Saint vous est donné en ce jour pour que vous choisissiez toujours les actes qui vous feront porteurs de Dieu en ce monde. Et si vous y manquiez un jour, l’Esprit-Saint saura faire naître en vous le repentir et la demande de pardon, qui est encore une manière de rapporter nos actes à Dieu.

Enfin, pour vous, un double cadeau, celui des deux paraboles de ce jour. Vous avez entendu saint Marc, l’évangéliste, expliquer que Jésus « ne disait rien sans paraboles » aux foules, tandis qu’« il expliquait tout à ses disciples en particulier ». Recevez les deux paraboles comme un cadeau particulier qui vous est fait à vous en ce jour de votre confirmation. Méditez, apprenez-les par cœur, faites-les passer et repasser dans votre intelligence et votre mémoire, et vous verrez au long de votre vie, ce qu’elles suscitent, ce qu’elles éclairent, ce qu’elles vous conduisent à faire ou à éviter.

Je risque juste un début d’interprétation.

Comme le suggère la première, la Parole de Dieu est semée en vous, plus et mieux que vous ne pouvez le sentir, et elle produit en vous ses effets. Elle germe et elle grandit, que vous en soyez conscients ou non. N’y voyez pas un encouragement à la paresse spirituelle, mais ayez confiance que l’Esprit-Saint qui vous est donné œuvre et oeuvrera en vous, plus et mieux que vous ne le saurez. Un autre sens est possible : le règne de Dieu n’est pas toujours mesurable, il ne se voit pas à l’œil nu. Dieu sème largement, généreusement. Il peut paraître ensuite ne plus rien faire, mais ce qu’il a semé, tout en restant bien caché dans le secret de la terre, qui est peut-être le secret de nos cœurs, travaille activement, germe, puis grandit et rend la terre, la terre de nos comportements, féconde avec de l’herbe puis l’épi puis le blé plein l’épi. Peut-être ne savons-nous pas ou plus d’où vient ce germe qui agit en nous, mais pour le moissonneur, ce qui comptera sera ce qu’il pourra récolter. Dieu est discret, il accepte de nous donner beaucoup et que nous soyons même un peu oublieux ou ingrats, mais ce qui lui importe est que nous soyons des terres qui portent du fruit.

La deuxième parabole, elle, offre un autre regard. Elle s’intéresse moins à ce qui se passe dans le sol, dans le secret, qu’à ce qui se voit : une toute petite semence qui devient la plus grande des plantes potagères. Tout cela reste modeste. Un potager n’est pas une forêt avec des arbres majestueux. Mais, même minuscule, une vie dans le Christ peut anticiper sur le règne de Dieu. Elle devient, comme le grand arbre dont parlait le prophète, un abri pour « les oiseaux du ciel », pour les amis de Dieu ou de Jésus, pour celles et ceux qui, connaissant ou ne connaissant pas l’Évangile, avancent vers Dieu à leur pas. Ézékiel visait le peuple de Dieu tout entier, c’est pourquoi il évoquait un cèdre immense. Jésus, lui, vient pour que chacune ou chacun de nous, même tout modeste, puisse être un signe du Règne de Dieu pour les autres, même très humblement.

 Il arrive fréquemment que ceux ou celles qui ne sont pas chrétiens ou pas très fidèles ne comprennent pas certaines attitudes vraiment chrétiennes. Mais elles sont pour eux comme une parabole, un signe à méditer, qui peut les faire réfléchir. Les deux paraboles se rejoignent pour vous dire à vous une chose importante : ce qui est semé en vous, aujourd’hui, l’Esprit-Saint qui se trouve scellé au fond de vos libertés, est fait pour porter du fruit et pour rendre vos vies autres qu’elles n’auraient été sans lui. Vous ne devenez pas des surhommes par des compétences corporelles ou athlétiques ou morales particulières, mais en vous, la semence du règne de Dieu est déposée ; vous êtes plantés sur la haute montagne du Christ ; vous pouvez offrir aux autres un abri et un repos de la part de Dieu. Vous êtes divinisés par la charité. Vivez-en humblement et joyeusement. Vous serez des réconforts pour beaucoup, 

                                                                                Amen.


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