Homélie du 14 avril 2024, pour le 3ème dimanche de Pâques - L'Eglise Catholique à Reims et dans les Ardennes

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Publié le 16 avril 2024

Homélie du 14 avril 2024, pour le 3ème dimanche de Pâques

Homélie pour le 3ème dimanche de Pâques, année B, le 14 avril 2024, en l’église Sainte-Macre de Fismes, consécration de sœur Marie comme vierge consacrée

Pâques, frères et sœurs, est un mystère de présence. Quelqu’un qui ne devrait plus être là vient pourtant. Quelqu’un qui ne devrait plus pouvoir être là vient pourtant et vient librement, et il est là d’une présence que rien ne détermine, que rien n’annonce et que rien ne peut interrompre. Nous l’entendons aujourd’hui dans l’évangile selon saint Luc: « Lui-même fut présent au milieu d’eux et dit : ‘’La paix soit avec vous’’ ».

Il ne devrait plus être là et il ne devrait plus pouvoir se rendre présent pour deux raisons. D’abord parce s’il il est mort et bien mort, mort d’une mort atroce qui fut tout à fait publique et même mis au tombeau après avoir été détaché de la croix ; et il ne devrait plus venir à cause du péché car sa mort a dévoilé la force du péché qui s’oppose à lui et la faiblesse de ses amis, de ceux qu’il avait choisis et vers qu’il vient, au milieu de qui il se tient. Que peut faire le Dieu vivant au milieu des pécheurs ?

Pâques est un mystère de présence. Vous constatez, frères et sœurs, que les évangélistes ne s’attachent pas à donner des détails sur la manière dont Jésus vient, ni sur la façon dont les disciples le perçoivent. Il est là, au milieu d’eux alors qu’il ne devrait ni pouvoir ni vouloir y être. Sa venue a donc un double caractère de victoire :  victoire sur la mort et victoire sur le péché. Victoire sur la mort qui se traduit selon saint Luc par le fait qu’il peut manger quelque chose, en l’occurrence un morceau de poisson grillé ; victoire sur la mort qu’il présente lui-même comme annoncée depuis l’origine par les Écritures d’Israël, depuis le récit de la création et par tous les prophètes car Dieu n’a pas créé pour rien, ni pour le néant ni pour la mort mais pour la communion qui s’exprime dans le banquet éternel à partager. Victoire sur le péché qui a la saveur d’un pardon : « La paix soit avec vous ». Cette parole première du Ressuscité n’est pas vœu pieux mais ce que le Ressuscité a reçu la puissance de donner à ses disciples malgré leur trahison ou leur reniement.

Ma Sœur, c’est en raison de ce mystère de présence que vous êtes là avec nous et devant nous, devant l’autel du Seigneur surtout. C’est parce que Jésus est le Vivant, celui qui a vaincu la mort, qu’il est possible de se consacrer à lui. Il est celui qui vient, celui qui est là, au milieu de nous, et qui peut tout remplir de sa présence, en tout cas qui remplit tout de sa présence pour ceux et celles qui peuvent percevoir sa présence. Vous vivez de ce mystère de présence depuis longtemps. Il est temps que l’Eglise vous encourage officiellement à en vivre et à en être un signe au milieu de vos frères et sœurs. Il y a longtemps que les habitants de Fismes et les fidèles de l’abbaye d’Igny ou de la cathédrale vous connaissent sous le nom de Sœur Marie et en habit religieux, même si jamais encore l’Église ne vous l’avait vraiment donné. Sur le fondement de votre baptême et de votre confirmation, vous menez votre vie comme une réponse à Jésus, le Ressuscité qui vient, et que nous pouvons rejoindre ou plutôt qui se laisse rejoindre dans les Écritures saintes d’Israël dont il nous donne une intelligence certaine. Nous pouvons aussi le rejoindre ou nous laisser rejoindre par lui dans les pauvres dont il s’est rapproché, acceptant d’obéir jusqu’à la mort et la mort de la croix, acceptant de partager la défiguration de la douleur et le mépris subi et la mise à l’écart parfois violente. La consécration que nous allons célébrer ne changera rien à votre état extérieur, en tout cas pas de soi. Elle manifeste cependant que votre désir personnel de suivre le Christ et de porter sa marque en ce monde, a été mis à l’épreuve de la durée et a montré son sérieux, sa force, sa capacité à unifier et orienter votre vie.

Vous vivez de la présence du Christ avec les moyens que l’on peut dire pauvres de sa venue et de sa présence : l’Eucharistie, la Parole de Dieu, l’intercession, le service des pauvres et des malades, la vie fraternelle. Vous continuerez ainsi, notamment par l’adoration eucharistique, sans chercher à en faire davantage mais en tâchant de vivre en conformité avec l’Eucharistie. Il s’agit de servir la vie plus forte que la mort, et cela veut dire apporter la paix, ouvrir à l’espérance qu’il est toujours temps de se convertir, de changer de vie, de vérifier ce que l’on vit sous le regard du Ressuscité qui vient à nous pour une communion que n’exclut pas mais qui encourage chacun à renouveler en soi la joie de donner le peu qu’il a malgré ses faiblesses. Il s’agit aussi, ma Sœur, de répondre à sa victoire sur le péché, c’est à dire sur notre capacité à refuser sa venue, à nous dérober, à esquiver sa venue ou encore à nous emparer de ce qu’il nous donne pour le détourner à notre profit. C’est votre désir que de vivre de Jésus et pour Jésus et en Jésus mais il convient de ne jamais oublier que c’est malgré tout et malgré nous en un sens que Jésus vient à nous et au milieu de nous. Il n’y a pas à en tirer orgueil, il n’y a pas à en tirer prétexte pour juger les autres ou leur dicter une conduite. Au contraire, il faut intercéder pour tous, entrer dans la patience et la persévérance de Dieu. Saint Jean exprime avec force dans sa première lettre ce qu’est la victoire du Christ Jésus sur le péché : « C’est lui qui, par son sacrifice, obtient le pardon de nos péchés, non seulement des nôtres, mais encore de ceux du monde entier. » Son sacrifice exprime et rend puissant son pardon et lui permet de venir au milieu de nous pécheurs, non pour faire des reproches mais pour offrir de vivre sur le fondement solide de son pardon. Au milieu de nous, pour nous, vous porterez le signe du Seigneur Jésus qui a choisi d’affronter le mal qu’il y a en ce monde, non en faisant souffrir mais en souffrant, lui, le Fils bien-aimé et très saint, pour ressusciter en porteur de pardon et de paix.

Alors, ma Sœur, dans un instant, vous allez dire votre engagement et nous, nous prierons pour que Dieu vous accorde d’y être fidèle et d’être en tout un signe visible de sa fidélité à lui. Je vais vous remettre le voile et vous serez alors reconnue parmi nous comme signe du Seigneur ressuscité qui vient et dont tout de notre vie devrait honorer la présence et la venue. Comment le faire ? En gardant ses commandements, nous dit saint Jean. Aimer Dieu, aimer son prochain, non comme deux manières d’être et de vivre mais comme l’unique manière de réjouir Dieu. Plus que jamais, au milieu de nous, vous aurez désormais à être parmi nous le signe du Seigneur ressuscité qui veut venir au milieu de nous, même de nous pécheurs, et qui attend de pouvoir dire à chacun : « La paix soit avec vous. »

                                                                                                                                                  Amen


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