Homélie du 12 novembre 2023, confirmation de jeunes et d’adultes - L'Eglise Catholique à Reims et dans les Ardennes

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Publié le 13 novembre 2023

Homélie du 12 novembre 2023, confirmation de jeunes et d’adultes

Homélie pour le 32ème dimanche du Temps ordinaire, année A, le 12 novembre 2023, en l’église Saint- Blaise de Leffincourt (Ardennes), confirmation de jeunes et d’adultes

Il est beaucoup question d’huile en ce dimanche. Dans un moment, lorsqu’après que les confirmands auront été appelés, que je les aurai interrogés sur la loi, que je leur aurai imposé les mains, ils s’avanceront vers moi accompagnés chacun de son parrain ou de sa marraine, et je leur ferai une onction sur le front avec une huile spéciale, parfumée, consacrée pendant la messe dite Chrismale, le mardi-saint chez nous. Cette huile s’appelle, vous le savez, « saint-chrême », ce qui renvoie à Jésus, le Christ, c’est-à-dire en grec, le messie en hébreu, celui est plein de l’Esprit de Dieu au point de pouvoir conduire le peuple vers le Dieu vivant et dans le Dieu vivant. « Chrême », « chr », comme Christ ou Messie, celui qui a reçu l’onction. Chers amis, vous deviendrez donc des oints, des oints du Seigneur, d’autres christs, d’autres messies, envoyés dans le monde en étant habités par l’Esprit-Saint de Dieu scellé en vous pour que vous y puisiez, au long de votre vie, de quoi choisir les actes qui vous feront agir et donc vivre en fils et en filles du Père.

Mais il est question d’huile aussi, et c’est providentiel, dans l’évangile proclamé, la parabole des dix jeunes femmes, cinq avisées, cinq insouciantes. Chacune d’entre elles est munie d’une lampe à huile, un petit objet en terre cuite, dont les archéologues retrouvent souvent des exemplaires, rempli d’huile dans laquelle trempe une mèche. De telles lampes produisent une lumière fragile mais forte à la fois, capable de traverser la nuit et de supporter le froid. Il y a là une belle image du don de l’Esprit-Saint. Au jour de la Pentecôte (vous voyez tous ce dont il s’agit : cinquante jours après Pâques, après la résurrection de Jésus, les disciples sont réunis avec quelques autres dont des femmes, la maison est secouée, un feu descend du ciel qui se partage en langues de feu venant sur chacun d’eux et les apôtres se trouvent remplis de courage et de force, ils sortent et proclament le don qu’ils viennent de recevoir de Jésus ressuscité), au jour de la Pentecôte donc, l’Esprit-Saint est venu de manière spectaculaire. Mais, ensuite, il vient plutôt pour pénétrer patiemment, avec persévérance, notre intelligence, notre volonté, notre mémoire, afin de les guérir, de les fortifier, de les renouveler de l’intérieur. Le grand don de l’Esprit-Saint, au total, est de nous permettre de vivre et d’agir dans la lumière du Christ Jésus mort et ressuscité et dans la force qu’il nous procure de choisir ce qui fait de nous des fils et des filles du Père, servant l’œuvre de Dieu. L’onction, donc, que je vais faire sur vos fronts, signifie que l’Esprit-Saint qui vous est donné va habiter désormais votre intelligence, votre volonté, votre mémoire. Il sera toujours là, et vous pourrez revenir en vous-mêmes pour y puiser lumière et force pour vos choix de vie.

L’image de la lampe à huile nous éclaire encore. Quand la nuit se fait longue, quand l’époux qui doit venir tarde à arriver, la lampe à huile distille une lumière faible mais suffisante. Même si les jeunes filles s’assoupissent et même s’endorment, leur lampe brille toujours, si vacillante soit leur flamme. Ainsi la lampe à huile évoque-t-elle bien la foi qui se fait espérance. Le Christ semble tarder à venir dans la gloire. L’histoire s’allonge avec les grandeurs qu’elle permet mais aussi les horreurs qu’elle laisse se produire, nous en avons en ce moment de redoutables illustrations. Nous nous assoupissons, nous perdons notre force d’attendre, mais au fond de nous, la lampe de la foi qui devient espérance continue. Car cette flamme vient de l’Esprit-Saint qui, en nous, en appelle au Père et ne cesse de nous tourner vers l’unique Fils bien-aimé.

Cependant, la liturgie de ce jour nous propose un autre mot qui correspond à un des dons de l’Esprit-Saint. Il s’agit de la sagesse. Le livre de la Sagesse nous en a parlé en première lecture. Il voulait nous dire qu’il n’est pas difficile de trouver la sagesse, même celle de Dieu. Le sacrement de confirmation nous en assure. La sagesse est un des dons du Saint-Esprit, et tous les dons se tiennent les uns aux autres. Dans la parabole de Jésus, cinq jeunes filles sont insouciantes et cinq autres sont dites « prévoyantes ». Le mot grec employé par saint Matthieu est un mot qu’utilise souvent saint Paul : « phrônimos ». On peut le traduire par « avisé » ou « sage ». Mais la sagesse dont il s’agit n’est pas la prudence, ou le fait de prendre beaucoup de précautions, d’éviter de courir des risques, ce qui pourrait amener à penser que la sagesse consisterait à ne pas se lancer dans l’action de peur de se tromper. La sagesse que donne l’Esprit-Saint consiste à être plein d’attention et aussi d’attente. Elle ne bouleverse peut-être pas grand-chose, elle aide à régler sa vie comme il convient, mais toujours dans l’attente du « davantage », du « plus encore » que Dieu veut donner et qu’il nous fait connaître. La parabole que nous avons entendue est assez énigmatique. Elle suscite beaucoup d’interrogations, peut-être sans réponse. Mais le principal, il me semble, tient dans le cri qui retentit : « Voici l’époux qui vient ! Sortez à sa rencontre ! » Il vient mais il y a quelques pas à faire pour se porter un peu au-devant de lui. Dieu en Jésus vient jusqu’à nous mais il compte sur nous pour nous déplacer un peu ou beaucoup afin de l’accueillir vraiment. Il s’approche de nous au maximum mais pas pour nous laisser dans notre confort, plus ou moins équilibré, pour que nous consentions à venir là où lui veut nous rencontrer, jusqu’à la salle des noces de la parabole. Le drame des jeunes filles se résume ainsi : lorsque l’annonce de l’arrivée de l’époux retentit, lesquelles sont prêtes à aller vers lui, telles qu’elles sont, sans avoir soudain à se préoccuper d’elles-mêmes. Voilà la sagesse selon l’Esprit-Saint : mener notre vie avec rationalité, avec paix, avec mesure, en ayant toujours de vraies raisons d’agir, non pas selon nos passions et nos pulsions, non pas sous l’impulsion de la colère ou de l’envie ou d’un désir qui saisit tout un moment, et toujours en étant tendu vers Celui qui vient. Selon saint Paul, dans sa première lettre aux Thessaloniciens, il en sera ainsi à la fin des temps, au terme de l’histoire : il y aura aussi à se laisser saisir pour « aller à la rencontre du Seigneur ».

Car, frères et sœurs, c’est cela, le secret de notre vie de chrétiens. Croire que l’histoire de l’humanité ne se finit pas dans le chaos ou dans le néant mais dans la rencontre de Dieu et, même, dans la rencontre de Jésus en qui Dieu est venu à notre rencontre une fois pour toutes, en ce Jésus-là, Jésus de Nazareth et de Jérusalem, parce qu’en lui, le Dieu vivant, se donne et nous rend capables de nous unir à lui et donc à tous les autres. Le plus important dans notre vie sont alors les rencontres que nous vivons, la capacité que nous acquérons de rencontrer les autres et de nous rencontrer nous-mêmes, en nous laissant tirer vers Celui qui est plus grand que nous et qui s’approche de nous en nous appelant. Toujours il vient d’ailleurs : de Dieu et d’Israël, le peuple choisi, et en même temps, il vient du plus intime de nous-mêmes. Chers amis qui allez être confirmés, l’Esprit-Saint vous est donné, sous le signe de l’huile : comme l’huile va pénétrer la peau de votre front, l’Esprit va pénétrer doucement, patiemment, avec persévérance, au long de votre vie, votre intelligence, votre volonté, votre mémoire. Il vous aidera à rester attentifs au cri qui perce la nuit : « Voici l’époux qui vient ! Sortez à sa rencontre. » Même si parfois vous vous assoupissez, il sera en vous comme la lampe à l’huile des jeunes filles. Ayez confiance que vous êtes conviés aux noces, à la communion avec Dieu et avec tous les autres. Apprenez de l’Esprit-Saint à reconnaître le Seigneur Jésus qui voudrait être présent en chacune de vos rencontres, pour que vous n’apportiez pas que vous-mêmes, mais lui, le Seigneur avec qui nous pourrons être pour toujours,

                                                                                                           Amen.


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