Homélie de Mgr Eric de Moulins-Beaufort, le 16 octobre 2022, confirmations, en l’église de Warmeriville. - L'Eglise Catholique à Reims et dans les Ardennes

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Publié le 18 octobre 2022

Homélie de Mgr Eric de Moulins-Beaufort, le 16 octobre 2022, confirmations, en l’église de Warmeriville.

Homélie de Mgr Eric de Moulins-Beaufort, pour le 29ème dimanche du Temps ordinaire, année C, le 16 octobre 2022, confirmations des lycéens de l’Espace Missionnaire de la Vallée de la Suippe, en l’église de Warmeriville.

Frères et sœurs, être croyant, c’est accepter de prier. Être croyant, c’est accepter d’avoir besoin de Dieu. C’est donc prier, c’est-à-dire le louer, l’adorer, mais aussi demander, lui demander, à lui, Dieu, ce dont nous pensons que lui seul peut nous le donner. Nous touchons là alors ce qui peut être aussi la croix du croyant : prier et ne pas être exaucé. Je prie, je demande des choses bonnes et justes, pour moi ou même pour un autre, je supplie, et rien ne vient. Ma situation ou la situation de celle ou de celui pour qui je prie ne s’améliore pas ; mettons les choses au pire : la situation s’aggrave. Nous portons, avouons-le, souvent cette expérience en nos mémoires et il arrive qu’elle paralyse notre prière et encombre notre foi.

Jésus, selon le récit de saint Luc, sent cela. Alors qu’il approche du terme de sa vie publique, il éprouve au plus intime de lui-même ce drame qui empêche les humains de vivre en vérité une vie de foi. Il éprouve notre insatisfaction, notre déception, notre méfiance. Elles le font souffrir. Car lui est le Fils bien-aimé, lui est le Fils du Père et lui est venu, lui s’est dépensé pour nous renouveler dans l’expérience de la bonté du Père. C’est pourquoi il raconte la parabole que nous avons entendue ce matin. Elle fonctionne comme un a fortiori, vous l’avez compris. Si nous pouvons nous imaginer qu’un juge même inique, même sans cœur, finira par céder à une vieille femme qui ne cesserait pas de venir réclamer ses droits, alors, a fortiori, nous dit Jésus, Dieu, mon Père, votre Père, ne peut pas ne pas exaucer ceux et celles qui lui demandent avec foi : « Dieu ne ferait pas justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit ? » En quelque sorte, il nous supplie, il supplie ses disciples et celles et ceux qui l’écoutent et l’écouteront, d’avoir confiance que le Père ne veut que notre vie et notre bonheur et notre joie. Alors même que les événements nous paraissent nous accabler, alors même que des catastrophes ou des guerres ou des maladies bouleversent l’humanité ou nous bouleversent, l’un ou l’autre, alors même que rien ne paraît faire lever les nuages épais où notre vie nous semble engloutie, Dieu, le Père de Jésus, notre Père, n’est pas insensible à notre prière. Au contraire, il l’écoute mieux que jamais et il ne cesse d’agir pour nous apporter le meilleur que nous attendons.

Mais qu’attendons-nous de lui ? Qu’il nous épargne toute épreuve, qu’il nous garde de toute souffrance, de toute douleur ? En réalité, ce qu’il veut nous donner, c’est la sainteté. Non pas la perfection, la perfection sans vie d’un vitrail, mais l’intensité de la vie, le sens de l’action en Dieu et de la tâche à accomplir pour Dieu et en Dieu. Nous épargner les épreuves de l’histoire serait mettre fin à l’histoire ; nous donner la sainteté, est nous rendre capable de vivre l’histoire non en la subissant mais en fils et en filles du Père que rien ne peut empêcher de mettre un peu de charité en ce monde. « Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » Saurons-nous, toujours, demander, non pas que Dieu mette fin à l’histoire, mais qu’il nous donne la force de traverser l’histoire ?

Ce matin, frères et sœurs, il nous est donné de célébrer la confirmation des jeunes de votre Espace missionnaire. Nous allons prier, vous et moi, et nous serons exaucés. Par les paroles que je vais dire, mais porté, accompagné par vous ; par les gestes que je vais faire mais sous vos yeux et en vous demandant de vous y associer, ces jeunes gens vont recevoir l’Esprit-Saint en sa plénitude. Nous allons prier, l’Église va prier pour eux et elle va être exaucée et nous allons l’être en elle, et vous allez être exaucés, vous jeunes gens qui osez demander ce matin à être confirmées et confirmés dans votre dignité de filles et de fils de Dieu. Vous êtes des baptisés, pour la plupart en raison de la demande pleine de foi, c’est-à-dire de confiance, de vos parents, qui ont souhaité que vous soyez plongés dans la mort du Christ tôt après votre naissance pour avoir part avec lui à sa résurrection. Dans un instant, vous serez des baptisés confirmés. Dieu le Père va répondre à la prière que l’Église entière va lui adresser par nos voix. L’Esprit-Saint se joindra à votre esprit pour que vous puissiez, au long des jours, découvrir comment vous pouvez vivre et grandir en fils et en filles de Dieu. Il vous inspirera comment choisir vos actions non pas seulement en fonction de vos pulsions, de vos intérêts du moment, et surtout de la pente générale de ceux et de celles qui vous entourent, mais en choisissant le bien et peut-être même le meilleur selon ce que vous serez capables d’en repérer. Il vous aidera à unifier vos personnalités, en visant de devenir des hommes et des femmes qui soient des artisans de paix, des porteurs de lumière et d’espérance, respectant les autres, les accompagnant et s’en laissant accompagner avec délicatesse, sachant vous émerveiller de la beauté et de la bonté que vous rencontrerez, sachant partager ce que vous avez et accepter ce que l’on vous donnera.

Vous avez tous le désir de mener votre vie de belle et bonne manière. Mais vous savez bien aussi que tout n’est pas en vous purement et simplement amour et bonté. Vous savez repérer ce qu’il peut y avoir en vous de colère ou de jalousie ou de paresse ou de besoin de posséder et de dominer ou de détruire. Vous ne voulez pas être prisonniers de cela. L’Esprit-Saint vous est donné pour que jamais vous ne vous résigniez à ce qu’il y a de médiocre ou de pécheur en vous, pour que toujours vous choisissiez à nouveau de marcher vers la lumière et vers ce qui vous rendra porteurs de la lumière. Il vous assure que toute l’Église, celle de la terre et celle du ciel, prie pour vous, comme Moïse a prié sur la montagne, les bras élevés, pendant que Josué menait le combat dans la plaine. L’Esprit-Saint vous assurera que, « non, il ne dort pas, ne sommeille, le gardien d’Israël » car il « se tient près de toi », près de vous, « le Seigneur, ton gardien, le Seigneur, ton ombrage ». Même dans les pires moments de vos vies, vous ne serez jamais seuls, car l’Esprit-Saint en vous veillera : il ne cessera de travailler pour que vous agissiez en fils et en filles du Père, cherchant à vous conduire, même si vous tâtonnez, même si vous vous égarez, vers le Père.

Retenez, chers amis, et retenons avec eux, frères et sœurs, ce que saint Paul affirme à Timothée. « Depuis ton plus jeune âge, tu connais les saintes Écritures ». L’Apôtre ajoute : « Elles ont le pouvoir de communiquer la sagesse, en vue du salut par la foi que nous avons en Jésus-Christ ». Les Écritures saintes devraient habiter notre intelligence, notre mémoire, notre imaginaire. Elles nous racontent l’immense histoire de l’approche du Dieu vivant envers l’humanité, approche nouée en Abraham et sa descendance. C’est une histoire complexe, parce que la liberté humaine se laisse attirer mais résiste aussi à Dieu qui vient vers elle et qui l’appelle à lui. Entendons-le : « Grâce à elle », grâce aux Écritures saintes, « l’homme de Dieu sera accompli » – et qui ne souhaite devenir un homme accompli, une femme accomplie-, et l’Apôtre précise : « équipé pour faire toute sorte de bien ». La sainte Écriture n’est pas magique. Saint Paul nous dit que « toute l’Écriture est inspirée par Dieu ». Cela veut dire qu’elle s’adresse à notre intelligence habitée elle-même par le Saint-Esprit pour que nous découvrions, avec notre intelligence unie à celle de tous les autres croyants, le bien que Dieu attend de nous et qui pourra servir son œuvre en ce monde.

« Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » Il y aurait bien de l’orgueil à répondre : « Regarde, Seigneur, nous sommes là ». Mais nous pouvons dire ensemble : « Vois, Seigneur, ces jeunes gens qui se présentent ce matin devant toi et que nous te présentons. Nous savons que tu exauceras notre prière comme tu l’exauces lorsque nous te présentons par le prêtre le pain et le vin pour qu’ils deviennent ton corps livré et ton sang versé, en signe de ton amour pour nous. Accorde à ces jeunes et accorde à nous tous la grâce de persévérer jusqu’à la fin. C’est notre prière, celle de ton Église, qui n’est pas qu’une vieille femme éplorée mais aussi une jeune épouse comblée »,

Amen.


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